Cumul emploi-retraite : Cynisme du gouvernement27/10/20042004Journal/medias/journalnumero/images/2004/10/une1891.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Cumul emploi-retraite : Cynisme du gouvernement

Un nouveau décret publié au Journal Officiel assouplit les règles de cumul de retraite et d'une activité salariée. Tous les médias se font les relais du cynisme gouvernemental, présentant cette mesure comme une chance, offerte aux retraités, de continuer une activité salariée, alors que leur problème est surtout la chute du niveau de leur pension.

Le nouveau décret, paru vendredi 22octobre, ouvre la possibilité de cumuler un emploi et sa retraite dès 55ans, contre 60 aujourd'hui, et établit de nouvelles règles pour ce cumul: possibilité de retourner travailler chez son ancien employeur après un délai de six mois à compter de la date du départ à la retraite, plafonnement du revenu cumulé qui doit rester inférieur au dernier salaire perçu par la personne lorsqu'elle était en activité.

Dans son rapport remis à Sarkozy, Michel Camdessus préconisait même l'autorisation «sans restriction» du cumul emploi-retraite, afin d'améliorer le taux d'emploi des salariés âgés en France et pour «conformément à l'esprit de la réforme des retraites (...) profiter d'une partie de notre allongement de durée de vie pour travailler plus longtemps». Les retraités devraient donc se réjouir de pouvoir rempiler! Il faut une bonne dose de cynisme de la part du gouvernement, et de servilité à son égard de la part de la presse, pour oser présenter cela comme une «liberté» offerte!

Selon Camdessus, le taux d'emploi des 55-60ans est relativement faible: il serait de 49,3% en France contre 64,7%, par exemple, au Royaume-Uni. Selon un sondage organisé par Manpower, 28% des chefs du personnel envisagent de mettre en place un dispositif de retraite anticipée et 64% privilégient le recrutement de jeunes pour faire face au vieillissement de leurs salariés. Alors même si les retraités voulaient continuer à travailler, il faudrait qu'ils parviennent à se faire embaucher!

Si les travailleurs à la retraite, pourtant bien usés par des années d'exploitation, sont parfois acculés à chercher de «petits boulots», c'est uniquement à cause de la faiblesse du montant de leurs pensions, qui diminuent d'année en année. En ne tenant compte que du changement du mode de calcul de la revalorisation des pensions mis en place par Balladur en 1993, un salarié payé toute sa vie au smic, qui partait à la retraite en 1993 avec l'équivalent de 780euros actuels, ne part plus aujourd'hui qu'avec 700euros. En réalité, la chute du montant des pensions est encore plus importante car les salariés sont pénalisés, depuis 1993 pour ceux du privé, et depuis la loi Fillon de 2003 pour ceux du public, par la règle des 40annuités de cotisation. Ainsi, pour reprendre l'exemple cité, la pension du smicard sera lors de son départ en retraite encore diminuée d'au moins 70euros.

«Permettre aux seniors de travailler plus longtemps», comme le dit Camdessus dans son rapport, c'est le baratin gouvernemental. Ce que cherchent le gouvernement et les patrons, c'est surtout à diminuer encore les retraites des travailleurs.

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