Collèges et lycées : Décentralisation du personnel de service - la pression s’accentue27/10/20042004Journal/medias/journalnumero/images/2004/10/une1891.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

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Collèges et lycées : Décentralisation du personnel de service - la pression s’accentue

La loi de décentralisation devant entrer en vigueur à partir du 1erjanvier2005, les techniciens, ouvriers et personnels de service (TOS) des collèges et des lycées, au nombre de 95000, jusque-là fonctionnaires d'État, sont en train de recevoir des courriers leur proposant de devenir fonctionnaires d'une collectivité territoriale ou bien d'opter pour un «détachement» de longue durée. Dans un cas comme dans l'autre, ces salariés dépendront alors d'une collectivité territoriale, ce qui les inquiète à juste titre.

Ces salariés restent opposés, comme durant les grèves du printemps 2003, à cette loi que le gouvernement a fait adopter «en force» l'été dernier par le Parlement, en utilisant l'article49-3 de la Constitution. Ce que craignent les TOS, c'est une aggravation de leurs conditions de travail et de salaire. L'intégration des 95000 TOS fera progresser de 43,2% les effectifs salariés des départements et des régions, mais le budget destiné aux personnels, lui, n'augmentera certainement pas, en tout cas pas dans les mêmes proportions. La décentralisation risque fort d'aboutir à une diminution du personnel travaillant dans les établissements scolaires, ne serait-ce que par le non-remplacement des départs à la retraite.

Les salariés concernés par la loi craignent qu'on leur demande, par conséquent, de travailler plus, là où l'on aura besoin d'eux, et au moment où l'on aura besoin d'eux. D'autant plus que, aujourd'hui déjà, leurs conditions de travail s'aggravent. Dans l'académie de Rouen, par exemple, l'administration reconnaît elle-même un déficit actuel de 200 postes de TOS. Dans les collèges et les lycées de ce secteur, le fonctionnement quotidien en est gravement compromis: on espace le nettoyage des locaux, on ferme la cantine le samedi midi, on déplace une personne de la loge vers d'autres tâches. Et dans bien d'autres académies, la situation est similaire. Dans certains établissements de Seine-Saint-Denis, le personnel de service en est à travailler 42heures par semaine, et à devoir protester contre le grignotage des jours de RTT.

La loi de décentralisation risque fort d'aboutir à la diminution du nombre d'adultes présents dans les établissements scolaires, ce qui, s'ajoutant à l'hémorragie de surveillants, ne peut que dégrader un peu plus les conditions d'enseignement pour les jeunes. Et par ailleurs, rien ne garantit que les collectivités territoriales ne finiront pas par confier à des sociétés privées certains domaines, comme la restauration par exemple. Avec 4,5millions d'élèves pour 500millions de repas par an, la restauration scolaire est un marché potentiel qui pourrait allécher le patronat de ce secteur. Car, bien évidemment, en se «déchargeant» sur les collectivités locales, le gouvernement cherche à faire des économies sur le dos des services publics.

La loi devrait officiellement entrer en application dans les mois à venir, mais rien n'est joué pour autant. Ce qu'un gouvernement a fait, la mobilisation des salariés, si elle est assez importante, peut le défaire aussi rapidement.

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