P&O Ferries (Calais) : 1550 emplois supprimés sur le Transmanche13/10/20042004Journal/medias/journalnumero/images/2004/10/une1889.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

P&O Ferries (Calais) : 1550 emplois supprimés sur le Transmanche

La compagnie maritime P&O Ferries qui exploite des liaisons maritimes, entre autres entre la Grande-Bretagne et la France, fait partie d'un des plus grands groupes maritimes au monde: la Peninsular and Oriental (P&O) qui descend en droite ligne de la vieille Compagnie des Indes Britanniques.

Dirigée par Lord Sterling, un vieux conservateur, anobli par la reine, proche de Margaret Thatcher, P&O se porte bien, merci, des bénéfices énormes sont dégagés tous les ans, mais les actionnaires réclament des taux de profits toujours plus élevés.

Le 28 septembre, P&O Ferries a donc annoncé aux salariés de l'entreprise la mise en oeuvre du 5e plan de "restructuration" en deux ans et demi. En fait, les "restructurations" ne sont que des successions de fermeture de lignes maritimes et de licenciements.

Cette fois-ci, la compagnie veut fermer quatre lignes sur treize: deux au départ de Cherbourg, une au départ du Havre et une au départ de Caen, se débarrasser de 8 navires sur 31 et veut licencier 1200 salariés, des marins, des sédentaires, des Britanniques et des Français, sur un total de 6130.

La justification avancée par la direction est la concurrence des compagnies aériennes à bas prix ("low cost") entre la Grande-Bretagne et le continent. Mais en fait, tous les échanges touristiques et commerciaux sont en constante augmentation. Ainsi, le nombre total de passagers entre le Royaume-Uni et le continent a crû de 144 millions en 1999 à 157 millions en 2003 (+ 9%). Et les profits de la compagnie aussi! Les profits opérationnels du groupe P&O sur les activités qui n'ont pas été abandonnées sont passés de 39 millions de livres au premier semestre 2003 à 113 millions de livres au premier semestre 2004 (+ 288%...).

Bien sûr, la compagnie annonce des pertes financières dans la branche ferries, mais les pertes apparaissent dans les comptes à la suite d'un artifice: à chaque fois, les coûts de la précédente restructuration viennent plomber les comptes et justifier la suivante...

La dernière fois, au printemps 2004, il y a à peine trois mois, les licenciements étaient justifiés par une baisse du bénéfice qui correspondait aux provisions que la direction avaient faites en prévision du plan de licenciement. Cette fois-ci, la compagnie a prévu 60 millions de livres pour financer les licenciements et les fermetures de lignes. Eh bien, on peut être sûr que, dans six mois, on va nous justifier de nouveaux licenciements par des pertes financières!

En fait, les requins qui encaissent les profits ont simplement décidé d'augmenter encore le taux de rentabilité de leurs capitaux. Il leur importe peu que des salariés soient licenciés, que des villes comme Cherbourg s'enfoncent encore plus dans le chômage et la crise et que le transport de voyageurs et de marchandises soit dégradé.

Pendant ce temps, la direction de P&O ne manque pas de faire savoir aux actionnaires que cette énième restructuration n'affecterait nullement sa capacité à verser des dividendes. À l'annonce de ce nouveau plan de casse, l'action P&O a bondi de 2,47 livres le 27 septembre 2004 à 2,66 livres le 29 (+7,7%)! Reçu 5 sur 5!

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