Patronat maître-chanteur et gouvernement choriste23/09/20042004Journal/medias/journalnumero/images/2004/09/une1886.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Tribune de la minorité

Patronat maître-chanteur et gouvernement choriste

Nestlé, c'est fou. Ou plutôt, c'est l'intox du groupe sur ses démêlés avec la CGT de Perrier qui rend fous les commentateurs de la presse. Ceux-ci accusent aujourd'hui la prétendue intransigeance du syndicat de faire planer la menace d'une vente de l'usine Perrier à Vergèze, dans le Gard.

Cela fait des années que la direction de Nestlé s'attaque aux travailleurs de Perrier. Les derniers plans de restructuration remontent à 1992 et 1995. En six ans, plus de 1000 emplois sur 2800 ont disparu. Ces derniers mois, Nestlé a voulu revenir à la charge en exigeant le départ en préretraite de 356 employés sur les 1650 restant. C'est à cette nouvelle attaque que des syndicalistes de la CGT se sont opposés. C'était la moindre des choses!

Mais à présent, la direction explique que, puisqu'on contrarie son bon plaisir, elle va revendre Perrier. Avec ce que ça signifie comme menace sur les emplois. Ca n'est qu'une manoeuvre, révoltante. En réalité les motivations de Nestlé dépendent de bien autre chose: les comptes de Perrier ne seraient pas à la hauteur du bilan financier astronomique du groupe. La résistance syndicale n'est qu'un prétexte.

Cette histoire est révélatrice de l'ambiance sociale de l'heure. Après les chantages aux délocalisations de Bosch-Vénissieux, de Doux, ou de Siemens en Allemagne, le patronat développe une intox. Sur le thème: si les salariés n'acceptent pas tous les reculs, les moindres désirs des actionnaires, ils mettent eux-mêmes leur emploi en péril. Pourtant dans tous les cas les maîtres-chanteurs patronaux appartiennent à des groupes extrêmement riches, et très, très loin du gouffre! Leurs discours ne visent qu'à obtenir le maximum de concessions de ceux qu'ils exploitent, à faire marcher au pas les travailleurs et les organisations syndicales. Ces chantages peuvent sembler écrasants. Mais baisser la tête, accepter le "dialogue" sur ces bases est la pire manière de s'opposer à l'arbitraire patronal. Et ce n'est pas cela qui a jamais sauvé aucun emploi.

L'affaire de Perrier rend plus mauvaises encore les plaisanteries actuelles de Raffarin quand il prétend lutter contre le chômage. Le gouvernement vient en effet d'annoncer qu'il allait prendre des mesures pour favoriser l'emploi... à domicile. La recette était archi-prévisible: nouveaux cadeaux aux riches. Depuis la création du dispositif Aubry en 1992, les familles employant du personnel "familial" sont remboursées de la moitié de leurs dépenses sous forme de crédit d'impôt. Le plafond est aujourd'hui de 10000 euros de salaires par an. Les réformes fiscales annoncées par Raffarin le relèveront à 15000 euros: l'État offrira donc jusqu'à 7 500 euros de ristourne par an aux familles nanties pour qu'elles puissent se payer femmes de ménage, nourrices ou jardiniers. On ne doute pas que ça aura des effets intéressants sur les revenus de quelques privilégiés. Mais sur les chiffres du chômage, pas la peine d'en parler! Le cadeau ne devrait d'ailleurs concerner qu'une petite dizaine de milliers de foyers des tranches très supérieures.

Le gouvernement aurait aussi le projet d'une baisse de l'ISF, l'impôt de solidarité sur la fortune. Toujours contre le chômage? Bien sûr: un député UMP ose expliquer qu'"il faut faire comprendre aux Français que l'ISF est un accélérateur de délocalisations, donc un destructeur d'emplois".

Face aux suppressions d'emplois, la droite use donc de son cynisme habituel. Mais du côté de la gauche ex-futur-gouvernementale ce n'est pas plus ragoûtant. Le seul terrain sur lequel elle trouve le moyen de faire campagne aujourd'hui, c'est... la Constitution européenne. Les travailleurs n'ont vraiment rien à attendre des gesticulations sur cette question, dont l'intérêt principal est de provoquer une sorte de jeu éliminatoire pour les prochaines présidentielles de 2007! La Constitution européenne a à peu près autant de rapport avec le chômage que les cadeaux fiscaux aux riches de Raffarin! Contre les chantages patronaux les travailleurs n'ont pas d'autre choix que de lutter pour leurs objectifs revendicatifs, -notamment à côté de l'emploi l'augmentation des salaires- pour barrer la route à l'offensive des patrons et du gouvernement.

Éditorial des bulletins d'entreprises l'Étincelle publiés par la minorité du 20 septembre 2004

Convergences Révolutionnaires n° 34 (juillet-août 2004) - bimestriel publié par la Fraction
Dossier: Accidents du travail et maladies professionnelles : faux frais de l'exploitation pour le patronat et l'État.
Articles: L'alliance LO-LCR après "l'échec" électoral - La réforme de l'assurance maladie va-t-elle passer comme une lettre à la poste? - Belgique : vote obligatoire pour scrutin sans enjeu - Irak : le blanc-seing de Chirac à Bush - Israël : quand Jérusalem succède à Johannesburg.
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