Chirac et l'impôt mondial contre la faim : La main sur le coeur, pas au porte-monnaie23/09/20042004Journal/medias/journalnumero/images/2004/09/une1886.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Chirac et l'impôt mondial contre la faim : La main sur le coeur, pas au porte-monnaie

Invité par le président brésilien Lula à participer à la conférence de l'ONU consacrée à la pauvreté et la faim dans le monde, Chirac a défendu l'idée d'un impôt mondial pour financer l'aide au développement. Chirac et Lula ont été rejoints par le président chilien Lagos et le Premier ministre espagnol Zapatero.

Actuellement, l'aide versée par les pays riches se monte à 60milliards de dollars par an. L'ONU affirme qu'il faudrait 50milliards de dollars supplémentaires pour atteindre les objectifs qu'elle se fixe : réduire de moitié le nombre de pauvres d'ici 2015.

Chirac, soignant son image de progressiste sur la scène internationale, s'est une nouvelle fois présenté comme le défenseur des pays pauvres: il s'agit d'un "devoir de solidarité", a-t-il affirmé, dénonçant "l'un des grands scandales de notre temps, notre incapacité à les libérer de la misère et de la faim alors que nous en avons les moyens". Déjà le 31 janvier dernier, à Genève, le président français avait tenu les mêmes propos et avait alors suggéré de prélever une taxe sur les ventes d'armes, suggestion non suivie d'effet.

Cette fois, après avoir chargé une commission de réfléchir à des solutions, il propose tout un éventail de possibilités: taxer les transactions nationales ou internationales portant sur les armes conventionnelles; ou bien taxer les transactions financières (reprenant là l'idée de la taxe Tobin); ou encore lever un impôt sur les entreprises internationales, instituer une taxe sur le carbone, sur le transport aérien... sans oublier les dons volontaires.

Ces 50 milliards de dollars ne sont en fait pas grand-chose. Ils ne représentent qu'un millième des richesses mondiales produites chaque année ou un vingtième des dépenses consacrées à l'armement en 2003. Mais on peut bien sûr douter que les gouvernements des pays riches soient d'accord pour imposer une taxe supplémentaire, sous une forme ou sous une autre. Depuis janvier, où Chirac avait émis l'idée de taxer les ventes d'armes, rien n'a été fait en ce sens, pas plus à l'étranger qu'en France, là où il aurait pourtant eu les moyens d'agir directement, ne serait-ce que sur les dépenses militaires, et de montrer ce que valaient ses paroles.

Et puis, à supposer que l'ensemble des pays riches acceptent l'une ou l'autre des taxations proposées et parviennent à dégager ces 50 milliards, cela ne serait qu'une goutte d'eau dans l'océan de la misère. Il y a actuellement sur la planète 2,8 milliards de personnes qui vivent avec moins de deux dollars par jour, dont 1,2 milliard avec moins d'un dollar. Que représentent ces 50 milliards pour chacun d'eux? 18 dollars supplémentaires par an, 0,05dollars par jour!

Chirac et les autres soignent leur image en faisant du bruit autour de leurs prétendues propositions mais, même si celles-ci étaient réalisées, ce ne serait que prélever une infime partie des richesses accaparées par la minorité richissime qui dirige la planète et qui se nourrit, précisément, de la misère de la majorité.

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