Les difficultés des producteurs de lait16/09/20042004Journal/medias/journalnumero/images/2004/09/une1885.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Les difficultés des producteurs de lait

Des exploitants bretons et du centre de la France sont venus vendre du lait à prix coûtant aux abords des cités ouvrières dans plusieurs communes du Val-de-Marne, en banlieue parisienne. Ils ont également rendu visite à un supermarché où ils se sont saisis de quelques packs de lait afin de les redistribuer gratuitement pour "reprendre ce qui nous est volé tout au long de l'année", comme l'a expliqué l'un d'eux. Ils voulaient ainsi faire connaître l'écart croissant entre le prix auquel leur est acheté le produit de leur travail et le prix payé dans les rayons.

Un litre de lait coûte plus d'un euro au consommateur, trois fois le prix payé au producteur. L'écart a même tendance à se creuser car, selon le Modef -syndicat agricole animé notamment par des militants du PCF-, qui organisait cette action, le prix moyen payé aux producteurs par les centrales d'achat a chuté depuis l'année dernière de 0,37 à 0,32 euro.

Alors que cette baisse a commencé il y a déjà trois ans, les organisations patronales de l'industrie laitière ont refusé au début de l'année de signer un accord avec des syndicats d'agriculteurs qui, pourtant, proposaient simplement de la limiter. Aussi, les manifestations des producteurs de lait se sont multipliées au cours de l'été. La baisse de 4% demandée par l'industrie agro-alimentaire aurait représenté, expliquaient des producteurs de lait de Meurthe-et-Moselle, "un mois de salaire perdu et la moitié des producteurs payés en dessous du smic" -car, comme dans d'autres branches, tous ne sont pas dans la même situation. Cette mobilisation a finalement conduit les industriels à renégocier un accord, qui cependant n'a pas été signé par tous les syndicats. Car le compromis entérine tout de même une diminution des prix à la production, même si celle-ci est moins forte que celle initialement prévue.

Les industriels font remarquer que, pour cette année, l'application du nouveau mécanisme conduit à une baisse de prix inférieure à l'aide que l'Union européenne verse aux producteurs de lait. Tout serait donc pour le mieux. En réalité, le problème c'est que l'argent public en provenance de l'Union européenne tout comme le travail des producteurs et la paye des consommateurs servent de vache à lait afin que les capitalistes de l'industrie laitière -ceux qui traitent le lait et le transforment et les grandes surfaces qui en distribuent la plus grande part- en tirent le maximum de profit.

Rappeler que Nestlé, Danone et d'autres de cet acabit sont déjà on ne peut plus prospères est une évidence. Il en va de même de Bongrain qui fait son beurre au travers de la marque Elle et Vire. Tandis que Lactalis, ex-groupe Besnier, possède, lui, 65 unités de production en France et emploie 16000 personnes dans le monde; il constitue avec ses marques Lactel, Bridel, Roquefort Société ou encore le camembert Président le premier exportateur français de produits laitiers. Ajoutons que le groupe Sodiaal, présenté comme le premier groupe coopératif laitier français, comprend en fait des marques comme Yoplait, Candia et Régilait. Or, depuis deux ans, Yoplait, le numéro 2 mondial du secteur des yaourts et des produits laitiers frais, est détenu pour moitié par BNP-Paribas.

Voilà qui profite des produits des producteurs laitiers. Et quand les producteurs les vendent directement dans les quartiers populaires, c'est l'occasion de montrer ce qu'est réellement leur situation à des gens qui sont à l'autre bout de la chaîne et qui sont victimes du même système.

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