Guadeloupe : La grève des ouvriers de la banane16/09/20042004Journal/medias/journalnumero/images/2004/09/une1885.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Guadeloupe : La grève des ouvriers de la banane

Les ouvriers agricoles de l'ensemble des plantations de banane de la Guadeloupe sont en grève depuis le 24 août. Ils s'opposent au refus des patrons de la banane d'appliquer les dernières augmentations du smic. En effet, par un petit stratagème minable et scélérat, ces patrons ont décidé de baisser les salaires en modifiant unilatéralement le mode de rémunération et de calcul du temps de travail.

On sait que le gouvernement a augmenté le smic à partir du 1er juillet 2004: 7,61 euros de l'heure contre 7,19 précédemment. Pour 21 journées de travail de 8 heures, par mois, les ouvriers de la banane devraient donc toucher: 7,61 par 8 par 21: 1278,48 euros brut.

Mais les patrons eux font un autre calcul. Ils combinent "le passage aux 35h avec la hausse du smic", et déclarent que les travailleurs doivent toucher 1207,92 euros de salaire brut pour 21 jours sur la base de 7heures de travail quotidien. On pourrait croire que s'il y a diminution de la durée de travail il y a aussi diminution de la charge de travail. Il n'en est rien. Car le travail dans la banane s'effectue sous forme de tâches, payées 8 heures chacune. Et désormais au lieu de recevoir 8 heures de salaire par tâche, l'ouvrier agricole sera payé 7 heures ...

Les ouvriers de la banane, dans un tract paru le 10 septembre dernier, déclarent: "Alors que la tâche qu'ils (les patrons) réclament pour une journée n'a pas baissé malgré ce passage aux 35 heures, nous devons toujours transporter le même nombre de régimes en 7 heures au lieu de 8. Dans certains cas, la tâche a même augmenté. Tout cela est inadmissible."

Le nouveau mode de calcul patronal, s'il était maintenu, modifierait considérablement le contrat de travail. Il aurait pour conséquence la suppression de la prime de fin d'année, la baisse des salaires et une aggravation des conditions de travail.

Un autre problème a fait aussi monter la colère des ouvriers de la banane: le non-respect par les patrons du RMM (rémunération mensuelle minimum). Ce RMM concerne les travailleurs en chômage partiel. Du fait de la diminution du nombre de jours travaillés, les patrons devraient légalement payer les 28 jours précédant la prise en charge des salariés concernés par l'Assedic; ce qu'ils ne font pas. Et ce sont 414 travailleurs qui sont concernés par le chômage partiel actuellement.

De plus, pour les chômeurs à temps partiel, les patrons prélèvent l'ensemble des cotisations salariales alors qu'ils ne devraient prélever que la CSG et la RDS. Et ces cotisations ne sont même pas reversées à la Caisse générale de Sécurité sociale comme en témoigne la dette sociale des patrons de la banane. Cette dette s'élève à 4092012 euros!

Les travailleurs de la banane ont donc bien des raisons de se mettre en colère. D'autant qu'ils savent bien le montant important des subventions régulières que perçoivent les patrons, subventions qui leur permettent d'investir dans bien d'autres secteurs que la banane, notamment dans les super et hypermarchés, Leader Price, Plein ciel, Intersport, GiFi, SCI, Discount center et autres.

Face au refus des patrons de satisfaire leurs revendications, les ouvriers agricoles ont déjà organisé plusieurs manifestations: barrages de rue, meetings sur les plantations, mobilisation sur le port de Jarry. Samedi 11 septembre, un meeting s'est tenu à Capesterre-Belle-Eau avec environ 80 travailleurs. Lundi 13 septembre lors d'une conférence de presse, les travailleurs de la banane ont réaffirmé leur détermination. Ils ont dénoncé la présence massive et permanente des forces de l'ordre sur les plantations, ils ont aussi lancé un appel à l'ensemble des travailleurs afin qu'ils les soutiennent tout en se battant pour leurs propres revendications et se préparent à d'autres actions de mobilisation unitaire.

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