Fête de L'Humanité : Fête réussie mais politique qui a échoué16/09/20042004Journal/medias/journalnumero/images/2004/09/une1885.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Fête de L'Humanité : Fête réussie mais politique qui a échoué

La fête de L'Humanité a connu son habituel succès populaire. Beaucoup, beaucoup de monde, et en particulier nombre de jeunes, se pressaient pour écouter les groupes vedettes sur la grande scène.

Cette fête est une fête politique et populaire, la plus importante, et de loin, organisée par un parti politique et son quotidien. Elle rassemble militants, sympathisants et tous ceux qui se sentent solidaires des combats du PCF. Ce sont d'ailleurs eux qui lui donnent son caractère sympathique et bon enfant.

Cela dit, l'affiche était alléchante, avec des groupes musicaux et des vedettes. La part d'affluence due aux spectacles était évidente et par voie de conséquence aussi sans doute la part du budget qui leur était consacrée. Quant au nombre de grandes entreprises qui mettent à profit cette fête comme support publicitaire, il était impressionnant. Il y avait de la pub pour le groupe Lagardère, par ailleurs l'un des actionnaires du journal L'Humanité, pour les traditionnels Ricard, Pastis 51 et Pernod omniprésents, mais il y avait aussi les assurances Axa, Suez, Total, Renault, TF1, RTL et d'autres qui figuraient en bonne place, aussi bien dans le journal-programme de la fête que dans la fête elle-même, abondance publicitaire qui mettait mal à l'aise.

Lors d'un débat entre militants, un responsable se félicitait de ce que le succès de la fête montrait combien le PCF possédait encore de liens et de sympathies avec les travailleurs et les milieux populaires, démentant -à juste titre- ceux qui le disent moribond. Reste à savoir quelles perspectives politiques offre aujourd'hui le PCF à tous ceux qui regardent vers lui.

Sur la grande scène de la fête, lors du meeting central, Patrick Le Hyarick, directeur de L'Humanité (et non Marie-George Buffet, secrétaire national du PCF), a fustigé l'"ultra-capitalisme" (y aurait-il un capitalisme moins ultra, moins injuste, moins belliqueux?) et "l'ultra-droite" (comme s'il y avait une frontière entre une droite convenable et une droite ultra, qui ne le serait pas!). Il a dénoncé les méfaits du capitalisme et les injustices de cette société de classes, et ceux qui l'écoutaient ne pouvaient qu'être d'accord. Mais face à la situation, face au chômage et à la misère croissante, quelles solutions le PCF a-t-il à proposer à ses militants et aux travailleurs? Pour contrer les attaques répétées du gouvernement contre les retraites, la Sécurité sociale, la législation du travail, attaques dénoncées d'ailleurs lors de plusieurs débats organisés dans la fête, quels moyens propose-t-il? Quelles luttes faut-il entreprendre? Sur quels objectifs?

À toutes ces questions, les auditeurs de Le Hyarick n'ont eu aucune réponse. Non, le seul objectif, la seule "grande mobilisation" à laquelle il a appelé au nom du PCF a été l'appel à bien voter lors du référendum prochain sur la Constitution européenne. Pour le PCF, c'est seulement la victoire du "non" au référendum qui "ouvrirait de nouveaux espoirs" aux travailleurs. Du haut de la tribune de la fête de L'Humanité, la direction du PCF a montré qu'elle n'avait pas d'autre perspective à offrir que cette nouvelle échéance électorale.

Lucienne PLAIN

Il est significatif que Le Hyarick se soit félicité du ralliement de Laurent Fabius au "non" à la Constitution européenne, laissant entendre qu'il était dû à la pression exercée par le PCF. Croire cela, c'est se faire des illusions, et surtout en créer. Car si Fabius et les autres dirigeants socialistes reviennent au pouvoir en 2007, ce sont eux qui, comme par le passé, entraîneront le PCF dans leur sillage et pas l'inverse. Et ce ne sera pas pour mener une politique en faveur des travailleurs et des classes populaires. Pour s'en convaincre, il suffit de rappeler ce qu'a fait le gouvernement Jospin, il n'y a pas si longtemps.

Au-delà du référendum pour la Constitution européenne, voilà ce que Le Hyarick et la direction du PCF préparent. Mais dans cette voie-là, les travailleurs n'ont rien à gagner.

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