Fabius : Le parcours d'un politicien libéral16/09/20042004Journal/medias/journalnumero/images/2004/09/une1885.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Fabius : Le parcours d'un politicien libéral

Pour justifier son Non au référendum de Chirac sur la Constitution européenne, Fabius déclare que le projet actuel ne permettrait pas de changer de politique, notamment en matière d'emplois et de délocalisations.

Pourtant, le parcours politique de cet "énarque" de bonne famille, qui a toujours cultivé l'image d'un politicien libéral que rien ne distingue de ses homologues des partis de droite, sinon sa référence socialiste, prouve que la défense d'une "autre" politique et plus particulièrement la défense de l'emploi n'ont jamais été au coeur de ses préoccupations.

En 1981, au lendemain de l'élection de Mitterrand, il fut nommé ministre du Budget dans le gouvernement Mauroy. À ce titre, il créa l'impôt sur la fortune, plus symbolique qu'efficace pour remplir les caisses de l'État. Mais surtout, tandis que le gouvernement, qui comptait alors quatre ministres communistes, imposait le blocage des salaires, Fabius lança un budget dit de "rigueur". Cela se traduisit notamment par une hausse des cotisations sociales pour les chômeurs et les pré-retraités, une réduction des remboursements de soins, la création du forfait hospitalier, une augmentation des impôts directs (rétablissement du 1% exceptionnel au titre du déficit de la Sécurité sociale) et indirects (TVA, taxe sur le tabac et les alcools...) ainsi que par une augmentation des tarifs publics.

Devenu ministre de l'Industrie, après le remaniement ministériel de mars 1983, il soutint sans état d'âme les différents plans de licenciements qui se traduisirent notamment dans la sidérurgie par des suppressions d'emplois massives.

Au lendemain des élections européennes de juin 1984, Fabius succéda à Pierre Mauroy, devenant le plus jeune Premier ministre. Il navigua alors entre l'affaire du sang contaminé et celle du Rainbow Warrior, sans pour autant enrayer la progression du chômage. Ces affaires allaient l'obliger en 1986 à marquer une pause dans sa carrière ministérielle.

Blanchi dans l'affaire du sang contaminé, Fabius retrouva un maroquin dans le gouvernement Jospin en 2000. Son arrivée à la tête du ministère de l'Économie et des Finances fut accueilli avec satisfaction par les représentants du patronat. À juste titre car, tout comme ses prédécesseurs, il multiplia les aides et les subventions aux entreprises sous prétexte de créer des emplois. Et pour dégager des moyens, il accéléra la vente des entreprises publiques (France Télécom, Thomson, Air France, Crédit Lyonnais...). Parallèlement, pour que l'argent des impôts puisse être au maximum consacré en cadeaux au patronat, il économisa sur les services publics, multipliant les pressions pour réduire le personnel à La Poste, à l'EDF et dans les hôpitaux.

Cette politique antiouvrière contribua au discrédit de la gauche plurielle qui se traduisit par la défaite électorale du 21 avril 2002. Ce qui n'empêche ni Fabius ni ses collègues et rivaux du Parti Socialiste d'être prêts à nous la resservir.

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