Baisse des salaires : Les patrons coûtent cher à la société16/09/20042004Journal/medias/journalnumero/images/2004/09/une1885.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Baisse des salaires : Les patrons coûtent cher à la société

Seillière trouve que les travailleurs coûtent toujours trop cher. Mais la propagande patronale oublie de préciser que le pouvoir d'achat des travailleurs n'a pas cessé de chuter depuis vingt ans.

Un ménage sur deux dispose de moins de 1800 euros par mois pour vivre. 14% des salariés sont payés au smic, c'est-à-dire qu'ils touchent entre 1154 euros brut par mois, soit environ 900 euros net pour le smic "35 heures", le plus bas, et 1286 euros, soit 1000 euros net environ, pour le plus haut. Ces smicards sont deux fois plus nombreux qu'il y a dix ans.

Mais ce smic n'est plus un salaire minimum depuis longtemps. Trois millions quatre cent mille personnes travaillent pour un salaire inférieur au smic mensuel. Près de 10% des travailleurs ne touchent que des salaires inférieurs à 629 euros, alors que le seuil de pauvreté est évalué à 600 euros. Il y a vingt ans, il n'y en avait que 5%. Ce sont, dans leur majorité, des travailleurs, et surtout des travailleuses, qui n'ont trouvé qu'un travail à temps partiel. Les salariés contraints au temps partiel représentent 15% des salariés aujourd'hui, soit 2,5 fois plus qu'en 1980.

Le salaire minimum garanti n'est supérieur au smic que dans 22% des branches économiques. Dans 34% des branches, le salaire minimum est, au contraire, inférieur au smic. Dans la Métallurgie, 54% des grilles de salaire démarrent avec un salaire inférieur au "smic 35 heures".

Les attaques sur les salaires ne datent pas d'aujourd'hui. La situation n'a pas cessé de se détériorer depuis plus de vingt ans, et notamment depuis que, en 1982, le gouvernement d'Union de la gauche du socialiste Mauroy a décidé que les salaires ne suivraient plus la hausse des prix. Il fallait, disait-il alors, "se serrer la ceinture". Et, en effet, pendant plus de vingt ans, le niveau des salaires n'a cessé de prendre du retard. Les travailleurs se sont bien serré la ceinture... mais les actionnaires, eux, ont touché des dividendes toujours plus gros. Les salariés d'Air France estiment que leur pouvoir d'achat a chuté de 20% en dix ans. D'après la CGT, le salaire des fonctionnaires a perdu 10% de sa valeur depuis 1982. À la SNCF, le salaire brut a perdu 15,5% par rapport aux prix, toujours en vingt ans. Comme, par ailleurs, les cotisations de Sécurité sociale sont passées de 9% du salaire brut en 1981, à 16% en 2003, sans parler des autres cotisations éventuelles, la perte du pouvoir d'achat s'élève aujourd'hui à 25%, soit le quart du salaire.

Pour baisser les salaires, les patrons se sont servis de la pression du chômage; ils ont pu compter également sur l'aide de tous les gouvernements, de gauche comme de droite. Aujourd'hui, le coût horaire du travail dans l'industrie en France est inférieur à celui de l'Allemagne, des États-Unis, de la moyenne de l'Union européenne des Quinze, du Japon, et même du Royaume-Uni. L'écart des salaires entre la Corée et la France était de 1 à 4 en 1990, il n'est plus que de 1 à 2 en 2002.

Le patronat a rogné sur les salaires pour augmenter sa part de profits. Il serait temps que le monde du travail récupère la part de cette richesse qu'il produit, et que le patronat lui vole.

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