Allemagne : Les manifestations de chômeurs du lundi continuent16/09/20042004Journal/medias/journalnumero/images/2004/09/une1885.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Allemagne : Les manifestations de chômeurs du lundi continuent

Depuis le début du mois d'août, chaque lundi, des chômeurs allemands manifestent dans plusieurs villes du pays -surtout en ex-Allemagne de l'Est, région la plus touchée par le chômage- pour protester contre les attaques du gouvernement social-démocrate de Schröder. Ce dernier cherche à diminuer les assurances chômage et à contraindre les chômeurs à vivre avec seulement trois cents euros par mois. Cette réforme, appelée "HartzIV", est due à Peter Hartz, directeur des ressources humaines du trust Volkswagen, et cela montre quelle est son inspiration.

Avec près de 4,5 millions de chômeurs officiels, le taux de chômage dépasse les 10,5% dans l'ensemble du pays, mais il atteint 20% dans l'ex-Allemagne de l'Est et 30% chez les jeunes. Actuellement, 12% des Allemands sont considérés comme des pauvres par les statistiques officielles parce qu'ils ont moins de la moitié du revenu moyen pour vivre. Et ces données ne tiennent pas compte des changements, à la baisse, dans les remboursements de l'assurance-maladie, le montant des pensions et des indemnités de chômage, que le gouvernement "socialiste" de Schröder est en train de rogner par tous les bouts.

Les premiers manifestants se sont retrouvés le premier lundi d'août pour scander "Nous arrêterons Hartz IV", reprenant les mots d'ordre qui étaient les leurs, à la fin des années quatre-vingt, au début des manifestations qui devaient conduire à la chute du mur de Berlin et à la réunification des deux Allemagnes: "Nous sommes le peuple", "À bas le gouvernement".

Quinze ans après ces manifestations qui avaient accompagné la fin de la caricature de communisme, ils scandent donc: "Détruisez le capitalisme!" et dénoncent: "Hier, on avait la dictature du politburo, maintenant on a celle du fric".

Ainsi, lors d'une prise de parole, une employée a expliqué: "Nous, les anciens citoyens de République démocratique, nous ne sommes pas entrés comme des mendiants dans la République fédérale, mais maintenant nous le sommes devenus!" Elle a dénoncé le bas salaire qu'elle touche à présent (trois euros de l'heure) et conclu en disant: "Des millions de personnes sont plus fortes que des millionnaires!".

À la mi-août, le mouvement, surtout profond à Leipzig (25000 manifestants), s'était un peu étendu à l'Ouest, regroupant jusqu'à 100000 personnes sur une centaine de villes. Mais puisque le gouvernement de Schröder et de ses alliés Verts ne cède pas à la pression de la rue, les manifestations continuent avec une participation variable, attirant des chômeurs, des syndicalistes, mais aussi des ouvriers et des employés révoltés notamment par le chantage à la délocalisation, celui que vient d'exercer le groupe Siemens et qui pourrait être imité par Volkswagen.

Un des principaux rivaux de Schröder, l'ex-ministre Oskar Lafontaine, essaye de capitaliser le mécontentement au profit de ses ambitions personnelles. Il trouve sur ce point la concurrence du PDS (l'ex-PC d'Allemagne de l'Est). L'extrême droite, elle aussi, tente de tirer profit du mécontentement sur le plan électoral. À une élection partielle récente, elle a enregistré une petite progression qu'elle espère encore accentuer lors des élections à venir. Ce ne serait pas la première fois qu'un Parti Socialiste, qui mène au pouvoir une politique antipopulaire brutale, favorise l'extrême droite.

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