Portugal : Au large, le droit des femmes!09/09/20042004Journal/medias/journalnumero/images/2004/09/une1884.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Portugal : Au large, le droit des femmes!

Le navire hollandais Borndiep, surnommé "le bateau de l'avortement", est revenu dimanche 5 septembre mouiller à la limite des eaux territoriales portugaises, au large de Figueira da Foz, à la hauteur de Coimbra. Affrété par l'organisation féministe néerlandaise Women on Waves (Femmes sur les Flots) et équipé d'une clinique gynécologique, ce bateau venait faire campagne pour la liberté de l'avortement et proposer ses installations et ses médicaments en dépit de l'interdiction qui lui avait été faite de séjourner dans les eaux territoriales portugaises.

La législation portugaise refuse toujours aux femmes le droit d'avorter, sauf en cas de viol, de malformation du foetus ou de danger pour la mère. Les "coupables" et les complices risquent des années de prison, comme cette sage-femme condamnée fin 2001 à huit ans de prison, à Maia près de Porto, pour avoir pratiqué des avortements.

Cette législation, héritée des conceptions cléricales archaïques et réactionnaires, n'empêche pas chaque année des dizaines de milliers de Portugaises de choisir de se faire avorter à l'étranger pour celles qui en ont les moyens, sur place pour les autres, clandestinement et bien souvent dans des conditions précaires et dangereuses au risque de leur santé. Les autorités semblent parfois embarrassées par cette situation. Par exemple, le président de la République a gracié en janvier 2004 la sage-femme de Maia, mais après plus de deux ans d'emprisonnement. En février dernier, les 17 accusés d'un procès pour avortement ont été acquittés à Aveiro.

Pourtant la loi répressive demeure, malgré les multiples campagnes menées contre elle. Le Parlement avait même voté en 1998 une nouvelle loi autorisant l'avortement. Mais le Premier ministre d'alors, socialiste mais surtout fervent catholique, avait réussi à imposer un référendum sur la question, permettant à l'Église de l'emporter, de justesse, mobilisant tout ce que le pays compte de bigots.

En vertu de cette loi, le gouvernement portugais a interdit au Borndiep d'accoster. Deux bateaux de guerre ont été chargés de le surveiller. Vendredi 3 septembre, on lui a même refusé de venir se ravitailler en eau et en fioul dans un port portugais, et il a dû pour cela gagner un port espagnol. Mais il est revenu et est toujours là.

Sa présence au large du Portugal est une dénonciation de cette loi d'un autre âge. Elle sera un encouragement pour la campagne qui se développe dans le pays pour que soit enfin reconnu aux femmes le droit de choisir d'enfanter ou pas.

Partager