Labinal - Snecma Villemur-sur-Tarn : La direction épinglée par l'inspection du travail09/09/20042004Journal/medias/journalnumero/images/2004/09/une1884.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Labinal - Snecma Villemur-sur-Tarn : La direction épinglée par l'inspection du travail

La direction de Labinal à Villemur-sur-Tarn (usine de 600 ouvriers, sous-traitante pour le câblage aéronautique) a été épinglée par l'inspection du travail pour "utilisation illicite de main-d'oeuvre étrangère " et "travail dissimulé ".

Depuis le 14 juin, elle fait travailler dans l'atelier câblage de l'Airbus A380 dix-sept travailleurs du Mexique sans respecter la réglementation du travail. Le patron prétend qu'ils sont "en formation" sur le câblage de la pointe avant de l'Airbus 380. En réalité, depuis le premier jour, ils font le même travail que les travailleurs français et sont soumis aux mêmes contraintes de production. La différence c'est le salaire, puisqu'ils sont payés sur la base de leur salaire mexicain, augmenté de primes de déplacement, qui est plusieurs fois inférieur à ce qui se pratique pour les travailleurs français (cf LO nE 1875). Depuis que le syndicat CGT a informé l'administration, et que celle-ci s'intéresse à ces irrégularités, le patron ne leur fait plus faire d'heures supplémentaires, ni travailler le samedi. Avant cela, il est même arrivé qu'on leur fasse doubler la journée de travail... comme au Mexique. Ces travailleurs sont logés au moindre coût, au foyer de jeunes travailleurs de Montauban.

L'ensemble des autres travailleurs est scandalisé par cette situation: "Formation ou pas formation, ils doivent avoir le même salaire que nous, puisqu'ils font le même travail." Quant aux travailleurs mexicains, informés de leurs droits par des militants syndicaux, ils ont été réunis par le patron pour s'entendre dire qu'ils ne devaient absolument pas discuter avec ces gens-là.

La direction de l'établissement ne se contente pas de menacer les travailleurs mexicains, elle essaie d'intimider les syndicalistes "qui mettraient en péril l'avenir de l'usine". Cela rappelle d'ailleurs ce que l'inspectrice du travail s'était entendu dire, lorsqu'elle avait reproché en mai dernier "le recours abusif au travail intérimaire": "Si vous nous faites des misères, nous délocaliserons encore plus vite."

Cette morgue patronale s'ajoute à toutes les attaques que subit l'ensemble des travailleurs de l'usine: la suppression des jours de RTT, les heures supplémentaires obligatoires, la mise en place d'une vraie fausse équipe de week-end pour que l'usine tourne même le dimanche. Et par là-dessus, des menaces à peine voilées de délocalisation à tout bout de champ. C'est dire que le climat est tendu, que le mécontentement est palpable, même si pour l'instant il ne s'exprime qu'au travers des pétitions sur divers sujets.

Les travailleurs mexicains vont rentrer chez eux et on ne sait pas jusqu'où ira la justice dans cette affaire. Mais la nouvelle de la procédure judiciaire engagée contre la direction Labinal a réjoui nombre de travailleurs, même s'ils restent sceptiques sur les chances que cette plainte aboutisse.

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