Baisse des prix... quelle baisse des prix ?09/09/20042004Journal/medias/journalnumero/images/2004/09/une1884.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Baisse des prix... quelle baisse des prix ?

N. Sarkozy a de nouveau réuni les représentants des industriels et ceux de la grande distribution pour tenter de faire appliquer la baisse des prix de 2%, sur laquelle ils s'étaient théoriquement mis d'accord en juin.

Les participants "se sont félicités" d'avoir déjà fait la moitié du chemin en baissant les prix de 2500 produits de grandes marques, ils ont promis de faire des efforts pour que l'objectif soit rapidement atteint et ont eu droit à dix jours de délai.

En fait, le ministre des Finances n'arrive pas à se faire obéir. La baisse de 5% qu'il proposait s'est réduite, en juin, à 2% , devant l'obstruction des industriels et des distributeurs de la grande consommation. Il a été décidé qu'elle ne concernerait qu'un certain nombre de produits (5000) dans trois domaines: l'alimentation sauf les fruits et les légumes, l'hygiène et la beauté, les produits d'entretien.

Et pourtant un tiers des industriels, comme Lindt ou Lesieur par exemple, refusent de jouer ce jeu qui ne leur coûterait pourtant pas bien cher. Quant aux distributeurs, ils s'empoignent: ceux qui appliquent l'accord à la lettre et attendent le bon vouloir des fabricants dénoncent la déloyauté des autres, comme Leclerc ou Intermarché. Ces derniers posent aux "bons élèves": ils revendiquent dès maintenant une baisse généralisée de tous les produits prévus, ou des rabais beaucoup plus importants: 7 à 40%, a annoncé Michel-Edouard Leclerc! Même si la loi leur interdit de vendre à perte, ils se sacrifient, sans attendre que les fabricants baissent leurs prix, pour le bien de notre porte-monnaie, évidemment!

Dans cette foire d'empoigne, le consommateur, lui, voit surtout qu'on lui jette de la poudre aux yeux.

Il y a peut-être des rabais intéressants sur quelques produits, mais en quoi cela diffère-t-il des offres promotionnelles qu'on trouve régulièrement? Quant aux "bonnes affaires", on y a droit à condition d'acheter par lots, c'est-à-dire de dépenser plus que prévu, comme d'habitude. La secrétaire générale de la CLCV, l'association de consommateurs qui a pourtant signé l'accord en question, constate aussi que, "pour ressentir les baisses, vous devez acheter six gels douche Tahiti, quatre boîtes de raviolis... et qu'il faut avoir de très grands placards"!

Autant dire que le consommateur moyen ne se sent pas plus riche. Dans le budget alimentation, des produits frais deviennent un luxe pour beaucoup: rien qu'au mois de juin, ils ont augmenté de 2,7% (+12,7% pour les fruits, alors que leur prix d'achat aux agriculteurs a baissé).

Sarkozy voulait soigner sa publicité en "redonnant du pouvoir d'achat" aux consommateurs. Son accord a surtout fourni à Auchan, Carrefour, Leclerc et compagnie une occasion de se faire de la publicité. Et industriels comme distributeurs lui ont bien rappelé qu'il ne commande qu'en leur obéissant!

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