Médecine du travail torpillée26/08/20042004Journal/medias/journalnumero/images/2004/08/une1882.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Médecine du travail torpillée

Le gouvernement a fait passer fin juillet un décret sur la médecine du travail qui prévoit d'augmenter le nombre d'entreprises et de salariés dont chaque médecin devrait s'occuper.

Ce décret s'accompagne d'une augmentation du délai entre deux visites médicales, puisque d'annuelle aujourd'hui, la visite ne serait plus effectuée que tous les deux ans, à l'exception de quelques professions ou de quelques catégories de salariés qui continueraient à bénéficier de visites au moins annuelles.

Ce décret va tout à fait dans le sens de ce que veut le Medef qui réclame "la refondation du système de santé au travail qui doit se traduire par une ouverture complète d'un système qui demeure aujourd'hui réglementé par des textes souvent inadaptés". Et il estime que "c'est au niveau de l'entreprise que l'on peut avoir une estimation précise des risques", et que "chaque entreprise devrait être incitée à élaborer (...) son propre cahier des charges". Bref, pour le Medef, la médecine du travail devrait être entièrement entre les mains des patrons de chaque entreprise.

Il est vrai que les visites des médecins du travail sont financées par les entreprises, et que celles-ci ne veulent pas laisser passer une occasion d'augmenter leurs profits.

Cette mesure constitue pourtant un recul sur le plan sanitaire, car si les visites étaient bien sommaires, faute de temps, elles n'en permettaient pas moins de dépister certaines maladies, en particulier chez les travailleurs qui ont peu de moyens pour consulter régulièrement un médecin.

Par ailleurs, une étude de l'inspection générale des affaires sociales (Igas) effectuée entre novembre 2003 et avril 2004 souligne déjà que, sur le temps que les médecins devraient consacrer à mettre en place des politiques de prévention, seule la moitié y est effectivement consacrée.

Mais le dépistage comme la prévention, pour le gouvernement et le Medef, cela passe après les profits des entreprises.

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