Expulsions sans relogement à La Courneuve (93) : Des familles ont dû camper dans la rue26/08/20042004Journal/medias/journalnumero/images/2004/08/une1882.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Expulsions sans relogement à La Courneuve (93) : Des familles ont dû camper dans la rue

Du mercredi 4 au vendredi 20 août, dix couples et cinq enfants ont dormi dehors. Ces familles habitaient un immeuble rue Lénine, à La Courneuve (93), depuis plus de cinq ans. Elles payaient régulièrement leur loyer. Pourtant, elles ont été expulsées par la police sur ordre du préfet.

L'immeuble était vétuste et la mairie de La Courneuve avait exercé son droit de préemption dès le début 2003 pour le rendre "conforme aux exigences d'un logement digne", selon les termes de Gilles Poux, maire de La Courneuve. Pourtant, dès juillet 2003, l'immeuble avait été cédé à la société privée Cliomat, censée effectuer les travaux, qui s'était contentée d'adresser de nouveaux baux aux locataires, d'une durée de vingt jours à deux mois! Certaines familles avaient alors saisi le juge d'instance d'Aubervilliers... qui n'a toujours pas statué.

En revanche, la Cliomat a répliqué en saisissant le juge des référés de Bobigny, procédure accélérée qui lui a permis d'obtenir l'expulsion des locataires protestataires. Et en plein hiver 2003, la Cliomat a pu couper le chauffage, faire abattre des fenêtres et des cloisons au risque de fragiliser l'immeuble, dans le but de contraindre les familles à quitter les lieux. Enfin, en juin dernier, le préfet accordait son autorisation à l'intervention de la police.

L'expulsion a eu lieu sans relogement, le mercredi 4 août. Pour exiger leur relogement (mairie et préfecture peuvent attribuer d'urgence des logements vacants), les familles expulsées ont campé à côté de la mairie de La Courneuve. La police leur a interdit l'utilisation des duvets et des bâches, même par temps de pluie, et cela malgré la présence de petits enfants. Le 6 août et le 10 août, elle les a même chassées en pleine nuit.

Finalement, le vendredi 20 août, un semblant de solution leur a été proposé: la mairie a relogé toutes les familles à ses frais dans un hôtel jusqu'au mardi 24 août, jour où elles se sont à nouveau retrouvées à la rue, sans perspective de relogement! Du côté de la préfecture, qui rechercherait des logements provisoires sur son quota d'urgence, c'est le silence radio.

Le scandale continue!

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