Europe / Immigration clandestine : Vers des camps de rétention en Libye ?26/08/20042004Journal/medias/journalnumero/images/2004/08/une1882.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Europe / Immigration clandestine : Vers des camps de rétention en Libye ?

Les autorités italiennes et allemandes sont en pleine mise au point de projets scélérats de "lutte contre l'immigration clandestine", en vue en particulier d'une réunion des principales puissances européennes qui doit avoir lieu sur le sujet en octobre à Florence. Elles proposent en particulier de faire financer par l'Union européenne l'installation de camps de rétention en Libye (dits "camps de transit"), dans le désert saharien, voire dans d'autres pays d'Afrique du nord, afin d'y enfermer les candidats africains à l'immigration en Europe, avant de les expulser vers leur pays d'origine. Rien de moins!

Sans attendre l'aval des autres pays européens pour qu'il puisse être appliqué dans son intégralité, l'un des volets de ce projet semble d'ores et déjà en route, puisqu'un accord devait être signé le 25 août entre l'Italie de Berlusconi et la Libye de Kadhafi. Il porte sur la mise en place de "patrouilles mixtes" en Méditerranée, l'utilisation "d'unités navales, aériennes et terrestres", sans oublier "un programme d'entraînement des forces de police" libyennes, afin d'intercepter et d'arraisonner les candidats à l'immigration qui tenteraient de traverser la Méditerranée, des côtes libyennes vers les côtes italiennes; l'Italie s'engageant même à participer financièrement au rapatriement des clandestins africains arrivés en Libye. Rappelons que la Libye est bien souvent aujourd'hui pour des dizaines de milliers d'immigrants clandestins d'Afrique, l'une des dernières étapes obligées d'un long périple à travers différents pays d'Afrique sahélienne et le désert du Sahara, avant le passage en Europe.

Cette initiative qui vise à renforcer l'arsenal répressif de l'Union européenne, transformant cette dernière en forteresse hérissée de barbelés contre la misère du monde, fait suite à une nouvelle vague d'immigrants clandestins récemment débarqués sur l'île sicilienne de Lampedusa.

Le problème n'est pas nouveau. Et les "solutions" non plus. Bien plus préoccupé de faire rapatrier les immigrants clandestins que de leur porter aide et assistance, le gouvernement italien de Berlusconi (comme le gouvernement allemand de Schröder) sait cependant que ce tour de vis supplémentaire ne résoudra absolument rien. De telles mesures servent tout au plus à flatter l'électorat réactionnaire. Ils ne font que repousser le problème plus au Sud, en tentant de transformer la Libye de Kadhafi en nouveau gendarme de l'Europe.

Le durcissement de la législation anti-immigrés que proposent une énième fois les dirigeants des pays riches de l'Europe ne peut pas arrêter les réfugiés en provenance des pays pauvres d'Afrique et du Maghreb, ces milliers d'hommes et de femmes qui fuient par tous les moyens, souvent au péril de leur vie, la misère et la famine, les persécutions et la guerre, de leur pays d'origine. En revanche, il contribuera à rejeter encore un peu plus les immigrants clandestins dans les bras des trafiquants d'hommes, bien souvent liés à la mafia, qui spéculent sur l'espoir des masses pauvres d'échapper à leur situation insoutenable.

Il est plus facile de faire la chasse aux immigrés que d'empêcher les grandes multinationales européennes de s'enrichir impunément en pillant les pays d'Afrique, laissant leur économie exsangue et leur population dans la misère, ou que d'arrêter les mafieux qui s'enrichissent du trafic humain des clandestins, un trafic dont le chiffre d'affaires s'élève à près de dix milliards de dollars par an.

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