Environnement dans l'Union Européenne : Record de retards pour la France26/08/20042004Journal/medias/journalnumero/images/2004/08/une1882.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Environnement dans l'Union Européenne : Record de retards pour la France

Comparé aux 14 autres pays qui étaient membres de l'Union européenne l'année dernière, le gouvernement français a battu un record: il a accumulé le plus grand nombre de retards pour inscrire dans la loi française différentes mesures de protection de l'environnement qui avaient été prévues au niveau européen, 38 retards, soit neuf de plus que l'année précédente.

Aucun domaine de protection de l'environnement n'y échappe: malgré des rappels, les programmes de réduction des substances dangereuses dans les milieux aquatiques prévus par l'Union européenne n'ont pas été adoptés. Pas plus que les mesures concernant les produits chimiques et la biotechnologie pour limiter les rejets de substances dangereuses pour la qualité de l'air. En matière de déchets, les plans de gestion sont insuffisants, les rejets des huiles usagées sont non conformes, les véhicules usagés ne sont pas éliminés et recyclés comme prévu...

Il faut ajouter que la France se fait épingler pour son manque de transparence. Les hauts fonctionnaires chargés en principe d'informer le public répondent tardivement ou pas du tout et, dans ce cas, ils ne sont pas même obligés de fournir un motif pour leur refus d'informer. Les gouvernements français successifs n'ont pas trouvé moyen de se mettre en conformité avec une directive européenne datant de 1990, pourtant bien timorée. En effet, celle-ci garantit le libre accès du public aux informations environnementales, mais le limite expressément au respect du secret commercial.

Les directives européennes sont elles-mêmes très insuffisantes pour protéger l'environnement quand elles ne sont pas carrément complaisantes envers les industriels qui en prennent à leur aise. On l'a malheureusement bien vu: ainsi par exemple les directives européennes dites "Seveso" n'ont protégé ni les travailleurs d'AZF, ni la population toulousaine environnante, de l'irresponsabilité du trust Total. Elles laissent aux industriels le choix de prendre les mesures de précaution qu'eux-mêmes jugent compatibles avec les nécessités économiques... c'est-à-dire le maintien de leurs profits, les services de l'État se bornant, dans le meilleur des cas, à une inspection annuelle, sur la base des informations que veulent bien leur communiquer les propriétaires des entreprises. Et encore cette réglementation "Seveso" est-elle limitée aux entreprises classées à risques, alors que celles dont l'activité est dangereuse ou préjudiciable à l'environnement sont beaucoup plus nombreuses.

Cette liberté de polluer et de tuer ne leur a pas davantage été contestée à l'époque où les gouvernements de la gauche plurielle avaient placé à l'environnement des ministres "Verts". Comme ceux-ci n'ont pas osé ne serait-ce qu'écorner les profits des plus grands groupes de la chimie notamment, leur présence n'a rien changé, excepté dans les discours. Mais de ce point de vue, Chirac n'est pas en reste, lui qui déclarait lors du sommet de la Terre de Johannesburg en 2002: "Notre maison brûle, et nous regardons ailleurs. La nature, mutilée, surexploitée, ne parvient plus à se reconstituer et nous refusons de l'admettre." S'il y avait un championnat pour le record de la parlotte écologiste, la France aurait sans doute ses chances.

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