Campagne présidentielle américaine : Quand rien ne distingue un démocrate d'un républicain, il reste le... Viêt-nam26/08/20042004Journal/medias/journalnumero/images/2004/08/une1882.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Campagne présidentielle américaine : Quand rien ne distingue un démocrate d'un républicain, il reste le... Viêt-nam

Depuis début août, le candidat démocrate à la présidentielle américaine, John Kerry, est l'objet d'une campagne de dénigrement d'anciens combattants proches de son adversaire, concernant son action au Viêt-nam. Une campagne d'autant plus perverse qu'il pouvait se croire en meilleure position, lui qui s'était engagé pour participer à la guerre, tandis que son adversaire Bush y avait échappé par piston. Mais Kerry ne peut s'en prendre qu'à lui-même puisque c'est lui qui a évoqué le Viêt-nam lors de la convention démocrate, en se présentant comme un ancien combattant de cette guerre.

Depuis, des anciens combattants partisans de Bush sont mobilisés pour détruire cette image. Ils accusent Kerry d'avoir manqué de courage quand il commandait une vedette rapide dans le delta du Mékong, d'avoir été trop facilement décoré, et surtout ils rappellent qu'en 1971, il était un de ces anciens combattants qui dénonçaient la poursuite de la guerre. En omettant à leur tour de rappeler que c'était, à l'époque, le cas de la majorité des Américains, y compris des anciens combattants, qui n'avaient plus qu'une hâte, que les dirigeants américains en finissent avec cette guerre et que les soldats rentrent à la maison.

En déclarant, lundi 23, que Kerry "peut être fier de ses faits d'armes", Bush a peut-être signé l'armistice de cette campagne qui aurait fait perdre deux points dans les sondages au candidat démocrate.

Si les deux camps en sont à s'empoigner sur le Viêt-nam, c'est que sur bien d'autres points, rien ne les distingue vraiment.

Depuis le début de cette campagne, Kerry s'est bien gardé de reprendre les arguments de ceux qui, par exemple, s'opposent à l'intervention américaine en Irak ou à sa politique au Proche-Orient. Il reste dans la ligne du Parti Démocrate qui avait voté le "soutien sans équivoque" à la politique guerrière de Bush. De même, il n'a rien à redire à la politique américaine de soutien aux actuels dirigeants israéliens. Et il ne fait pas plus de déclarations pour dénoncer, par exemple, le fait que la reprise de l'économie américaine ne s'est pas accompagnée de créations d'emplois.

La raison en est simple. Kerry est prêt à assumer l'héritage des Républicains si Bush est battu. Car, contrairement à ce qu'affirment certains, il ne suffit pas de remplacer un président par un autre pour que sa politique change du tout au tout. C'est plutôt le contraire qui est vrai. Les présidents passent mais la politique, celle qui convient aux classes possédantes, reste. Et si demain l'administration Kerry succédait à l'administration Bush, elle assumerait l'état des lieux, et n'aurait pas une politique autre que celle qui consiste à donner toute satisfaction aux grandes entreprises de l'industrie et de la finance, pour qu'elles continuent de prospérer au détriment de l'ensemble de la population.

L'actuelle campagne électorale bat d'ailleurs tous les records en termes de coûts financiers. Les deux candidats ont déjà récolté en soutien deux fois plus d'argent que lors de la campagne de 2000, à la même époque, soit 242 millions de dollars pour Bush et 233 millions pour Kerry. Cela montre que les milieux industriels et financiers soutiennent d'autant plus les deux candidats qu'ils sont assurés que l'un comme l'autre, chacun à sa manière, défendront les intérêts du "big business".

Et c'est pourquoi la politique électoraliste du "moindre mal" qui prétend qu'il suffit de tout faire pour battre le président sortant pour que ça change, en cachant le fait que le président entrant poursuivra la même politique, est une duperie.

Partager