Vallourec Laigneville (Oise) : - État, police et démesure au service de Bolloré05/08/20042004Journal/medias/journalnumero/images/2004/08/une1879.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Vallourec Laigneville (Oise) : - État, police et démesure au service de Bolloré

Dans leur lutte pour garantir leur avenir, les 117 travailleurs de l'usine Vallourec de Laigneville qui doit fermer ont assisté à une escalade dans la collaboration des services de l'État et des dirigeants du groupe.

Début juillet à Paris, ce furent les CRS qui prirent en main l'organisation du Comité central d'entreprise. Mais l'appui de l'État ne s'est pas arrêté là. Il faut dire que celui qui contrôle de fait, depuis peu, le groupe Vallourec, est Vincent Bolloré une des toutes premières fortunes de France qui a déjà vu, grâce aux restructurations opérées dans le groupe, le prix de l'action Vallourec grimper de 50% en un an, et bien sûr à qui le gouvernement ne saurait rien refuser.

Le directeur départemental du travail de l'Oise avait mis en scène une «médiation» dans ses bureaux, en vue de «rapprocher les parties» (direction et personnel), sans discuter de son initiative avec les représentants du personnel, «faute de temps» disait-il. Depuis, les représentants du personnel ont eu la preuve que ces «discussions» n'étaient qu'une comédie, le directeur départemental du travail se concertant avec la direction pour favoriser le maximum de licenciements sans reclassement.

Le syndicat CGT et les élus au CE ont immédiatement saisi le ministre du Travail, Jean- Louis Borloo, lui demandant de faire respecter au moins la loi. Ils ont saisi Vincent Bolloré en personne. Tout cela a été rendu public.

La réponse des uns et des autres, les salariés l'ont eue le 30 juillet, jour où l'usine devait fermer un mois pour les vacances et où un Comité central d'entreprise était convoqué «pour conclure les discussions».

Depuis des semaines, la direction générale de Vallourec mettait à disposition des élus du CCE de la CGC, syndicat des cadres qui l'appuie totalement, des gardes du corps protégeant leur domicile jour et nuit. A chaque déplacement, la direction s'était fait entourer d'une bande d'hommes en noir. Le vendredi 30 juillet, la direction Vallourec avait demandé aux élus qu'ils soient pris chez eux par des chauffeurs, sans leur dire où ils allaient. Les élus CGT ont refusé. Du coup, la direction a fixé des rendez-vous à l'aéroport de Roissy, et là, on les a informés que la réunion du CCE aurait lieu à Pau, à 800 kilomètres de là, et qu'un avion les attendait. Seuls les élus CGT des différentes usines ont refusé de se soumettre.

Durant la même matinée, plusieurs dizaines de gendarmes ont débarqué devant l'usine Vallourec de Laigneville. Sans aucun mandat de justice, une partie d'entre eux ont investi l'usine et s'y sont installés de façon démonstrative. Puis, ils ont fait sortir la direction locale, entre deux haies de gendarmes déployés devant des salariés médusés. La télévision régionale était là et a pu montrer les forces de police mises à la disposition du patron de Vallourec.

Pour clore cette opération, et en violation de toutes les procédures légales, la direction Vallourec faisait signifier par huissier au secrétaire du CE, que l'usine serait fermée et les salariés, tout en étant payés, invités à rester chez eux à partir de fin août, jusqu'à la fermeture définitive de l'usine.

Malgré cela, les salariés sont décidés à continuer leur combat. Ayant saisi Borloo, Villepin et Raffarin, ils attendent de savoir si leurs droits s'arrêtent là où sont en jeu les intérêts des véritables maîtres de cette République, les Bolloré et consorts.

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