Durée du travail : Vers des horaires sans limites05/08/20042004Journal/medias/journalnumero/images/2004/08/une1879.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Durée du travail : Vers des horaires sans limites

Le gouvernement se prépare à de nouvelles mesures concernant le temps de travail et le calcul des heures supplémentaires. Il serait question que la limitation du nombre d'heures supplémentaires ne soit plus calculée individuellement - actuellement 180 heures maxi par salarié et par an - mais collectivement, au niveau de toute l'entreprise. L'employeur pourrait, s'il le souhaitait, faire travailler certains salariés largement au-delà des 180 heures supplémentaires autorisées, sans sortir du cadre légal.

Sarkozy envisage qu'entre la 35e et la 39e heure, la majoration des heures supplémentaires pourrait tomber à 10% au lieu de 25% dans les grandes entreprises (ce qui est déjà le cas dans les PME, où la majoration des heures supplémentaires au-delà des 35heures hebdomadaires est fixée à 10%). Raffarin se déclare partisan d'une telle «hypothèse».

Des députés parlent d'exonérer les heures supplémentaires de charges sociales ou même d'établir des contrats de travail à 120%! Il s'agirait évidemment d'exploiter davantage le monde du travail, en le payant le moins cher possible.

Les patrons fulminent contre la loi Aubry sur les 35 heures. Sauf que cette loi leur apportait deux énormes cadeaux: l'annualisation du temps de travail et une baisse considérable des charges sociales, cadeaux que le gouvernement Raffarin a adoptés et développés. Leur fausse colère contre les 35 heures cache mal leur véritable but: la suppression de toute référence à un temps de travail légal. Ce que Raffarin appelle «souplesse», c'est la volonté de supprimer le cadre légal des 35 heures. S'il réussissait à ce que les heures supplémentaires soient illimitées et payées quasiment au même tarif que les heures normales, rien n'empêcherait plus les patrons de considérer que leurs salariés sont taillables et corvéables sans limites.

A deux reprises déjà, Fillon avait avancé dans ce sens, en augmentant le nombre d'heures supplémentaires autorisées de 130 à 180 et en fixant leur taux à 10% dans les entreprises de moins de 20 salariés. Raffarin et Sarkozy préparent la suite. Reste à savoir si les salariés accepteront ces nouveaux reculs.

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