Arcelor : Profits en acier, licenciements à la pelle05/08/20042004Journal/medias/journalnumero/images/2004/08/une1879.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Arcelor : Profits en acier, licenciements à la pelle

C'est sur une double page dans les journaux économiques que la direction d'Arcelor, premier producteur mondial d'acier, vient de publier un rapport sur ses résultats du premier semestre 2004. Il lui fallait bien ça.

«Bonne marche des affaires et solides résultats financiers» peut-on y lire en titre avec, comme précision en gras: «Résultat net (autrement dit, bénéfice après impôts) plus que doublé».

Présent dans soixante pays avec 104000 salariés, Arcelor résulte de la fusion, en 2001, de trois géants européens de l'acier: Usinor, Arbed et Aceralia. Bien sûr, il figure en bonne place au «hit parade» boursier français, ce CAC 40 qui réunit les plus grands groupes, et surtout les plus profitables pour leurs actionnaires.

Sa position actuelle, Arcelor l'a confortée en supprimant des dizaines de milliers d'emplois ces vingt-cinq dernières années, cela avec le soutien constant de l'État français à Usinor (et de ses homologues belgo-luxembourgeois ou espagnol à Arbed et Aceralia).

En effet, de Giscard d'Estaing à Chirac, en passant par les deux septennats Mitterrand, ce sont des dizaines de milliards de francs (puis d'euros) d'aides publiques que les gouvernements de droite ou de gauche ont déversées dans les caisses de ce géant de la sidérurgie pour l'aider, disaient-ils, à se «restructurer». En clair: pour qu'il jette massivement à la rue des travailleurs tout en maintenant ses profits.

Alors, aujourd'hui, son conseil d'administration peut annoncer fièrement, dans son rapport, que «la rentabilité d'Arcelor s'est fortement améliorée», ce qu'il ne dit pas, c'est à quel prix. Et pour cause!

Prévus pour courir jusqu'en 2010, plusieurs «plans sociaux» ont été lancés par la direction d'Arcelor en 2003. Ils se soldent, une nouvelle fois, par la suppression de milliers d'emplois dans les établissements du groupe: 2700 en France (notamment en Lorraine, en Picardie, dans le Nord-Pas-de-Calais), plus de mille au Luxembourg, etc.

Ainsi, au moment même où les actionnaires d'Arcelor peuvent se frotter les mains, les «bons résultats attendus pour 2004» que leur promet le conseil d'administration, c'est la porte et le chômage pour des milliers de travailleurs de ce groupe, et une exploitation aggravée pour ceux qui conserveront un emploi. En effet, avec le boom mondial actuel de la demande d'acier, la direction d'Arcelor, qui s'en réjouit dans la presse, ne peut bien sûr pas invoquer des carnets de commande en berne. Au contraire, ils sont pleins à craquer, et elle escompte les honorer en faisant produire plus à un nombre toujours plus réduit de ses salariés...

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