Valiance : La seule morale des banquiers: "Prends l'oseille et tire toi!"28/07/20042004Journal/medias/journalnumero/images/2004/07/une1878.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Valiance : La seule morale des banquiers: "Prends l'oseille et tire toi!"

La direction du groupe Valiance a annoncé le 26 juillet le dépôt de bilan de la première société de transport de fonds du pays, assurant 40% de l'activité et regroupant 3000 salariés, et dont l'actionnaire à 80% est l'Union des Banques Suisses, UBS, première banque du monde.

Par cette seule procédure faite auprès du tribunal de commerce, le richissime actionnaire de la compagnie n'a plus rien à payer pour sa société, ni les dettes de toute nature, ni les salaires et les indemnités des futurs licenciés, payés dès lors par le fonds de garantie des salaires, l'AGS. Ces licenciements devraient se chiffrer selon les scénarios en cours à 1100 ou 1300, voire à 3000 si la société était mise en liquidation.

Le drame vécu par les salariés de Valiance, qui après avoir risqué leur vie quotidiennement (malheureusement certains l'ont perdue) pour les profits de leur patron risquent de perdre leur emploi, est bien révélateur de la façon de fonctionner du système actuel.

UBS s'est porté acquéreur du groupe Valiance en 1998. Pendant des années elle en a encaissé tous les bénéfices directs et indirects. Dernièrement ce géant de la finance n'avait pas caché qu'il voulait revendre ses parts avec un confortable bonus. Seulement tout d'un coup, en mars dernier, le groupe a annoncé un premier dépôt de bilan, celui de sa filiale de maintenance Solymatic (700 emplois) et un plan de suppression de 1015 emplois pour sa filiale de transport de fonds. Et c'est sous le prétexte qu'UBS ne voudrait pas financer le plan social à hauteur de 35 millions d'euros qu'un nouveau dépôt de bilan vient donc d'être décidé pour sa filiale transport de fonds.

Nul ne sait, en dehors des initiés, ce qui se cache derrière cette opération. La loi sur les sociétés, faite sur mesure pour les actionnaires, ne rend ceux-ci responsables que des capitaux qu'ils ont mis dans une société. Le jour où ils veulent se retirer, il leur suffit de déposer le bilan. Ils ne perdent qu'une chose, leur mise de fonds initiale (souvent amortie depuis longtemps), mais n'ont plus aucune responsabilité pour le reste. En particulier ils gardent tous les bénéfices encaissés et n'assurent pas le remboursement de la dette.

La filiale de Valiance aurait un passif de 120 millions d'euros. Mais quelle est la réalité de ces pertes, et où est passé l'argent? Il n'y aurait que le contrôle des comptes fait par les salariés qui permettrait de savoir vraiment où est passé l'argent tiré sur la sueur et le sang de salariés de Valiance.

Bien d'autres groupes richissimes de l'industrie et de la finance ont opéré de la même façon qu'UBS aujourd'hui. À commencer par la compagnie financière de la famille De Wendel, les anciens maîtres de forges, dirigée par le baron Seillière, actuel président du Medef, qui a fait ainsi déposer le bilan à Air Liberté. Ou encore Renault et la famille Peugeot qui avaient récupéré largement plus d'un milliard de francs en faisant déposer le bilan à leur filiale commune Chausson. Il y a eu une multitude d'autres affaires du même genre. Les récents ennuis judiciaires des anciens dirigeants de Moulinex sont là pour le rappeler.

Alors, face à l'irresponsabilité légalisée des actionnaires, qui met en jeu la vie de milliers de familles, les travailleurs devront bien imposer que les entreprises soient soumises aux mêmes obligations que tout un chacun quand il a contracté des dettes, et que tous leurs comptes puissent être mis au grand jour par les travailleurs et la population.

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