Allemagne : Après l'accord chez DaimlerChrysler28/07/20042004Journal/medias/journalnumero/images/2004/07/une1878.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Allemagne : Après l'accord chez DaimlerChrysler

Le Comité d'entreprise (contrôlé par le syndicat de la métallurgie, l'IG Metall) a finalement signé, le 23 juillet, un "accord de compromis" avec la direction du groupe automobile.

Il porte sur un plan d'économies de 500 millions d'euros annuels à partir de 2007. Concrètement, les salariés doivent renoncer à l'augmentation (de 2,79%) déjà prévue pour l'année 2006. La semaine de 40 heures va être introduite pour quelque 20000 travailleurs (en grande partie des employés, techniciens et ingénieurs) des secteurs de la recherche et du développement. Enfin les 6000 salariés des "services" de l'entreprise (cantine, gardiennage, imprimerie, etc.) relèveront, à l'avenir, d'un accord particulier: ils travailleront désormais 39 heures au lieu de 35 et seront payés selon un tarif inférieur à ceux de la production.

Tout cela constitue un recul indéniable, même si, contrairement à ce qui s'est passé chez Siemens un mois plus tôt, les heures effectuées au-delà des 35 heures seront payées. Et ce sont finalement les ouvriers de production, ceux qui ont participé massivement aux débrayages de protestation organisés ces dernières semaines, qui perdent encore le moins et conservent l'essentiel des pauses et primes d'équipe.

En échange de ces concessions, la direction s'engage à garantir l'emploi en Allemagne jusqu'en 2012. C'est-à-dire, plus précisément, à ne pas procéder à des licenciements secs. Mais on sait que les patrons ont bien d'autres ressources pour diminuer les effectifs. Et surtout la direction a d'autant plus facilement donné cet engagement que les usines allemandes (qui produisent les différents modèles de Mercedes et de Smart) sont aujourd'hui les plus rentables du groupe et que leurs carnets de commandes sont pleins. Ce qui permet d'ailleurs de mesurer le bluff qui était contenu dans le chantage à la délocalisation d'une partie de la production de l'usine de Sindelfingen (dans la banlieue de Stuttgart).

Le comité de direction a aussi accepté de diminuer ses revenus de 10%. Ce qui est tout de même minime lorsqu'on sait, par exemple, qu'en 2002 il s'était octroyé une augmentation de 131%! Et on peut se demander si, derrière la volonté proclamée de participer à l'effort général, il ne s'agit pas en réalité de donner satisfaction aux gros actionnaires qui, lors de l'assemblée générale tenue en avril dernier, avaient estimé que les dirigeants de DaimlerChrysler étaient "trop payés" eu égard aux bénéfices dégagés, "insuffisants" à leurs yeux.

S'ils admettent avoir dû accepter des "saignées douloureuses", les responsables de l'IG Metall continuent, de leur côté, de s'accrocher au mythe selon lequel les accords salariaux, qui en Allemagne couvrent toute une branche d'industrie pour plusieurs années, ne sont pas remis en cause. C'est évidemment un leurre. Dans son offensive actuelle pour l'augmentation du temps de travail, le patronat ne fait d'ailleurs, en partie, qu'utiliser une clause de l'accord salarial de la métallurgie signé en février 2004... qui permet justement de déroger à l'accord.

Pour les travailleurs d'Allemagne, riposter victorieusement aux attaques patronales ne serait certes pas facile. Cela demandera bien des luttes. Mais aussi une claire conscience que ce n'est pas en s'accrochant au mythe d'un accord que les patrons ne respectent plus qu'on les fera reculer.

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