Palestine : Arafat contesté à Gaza23/07/20042004Journal/medias/journalnumero/images/2004/07/une1877.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Palestine : Arafat contesté à Gaza

Les manifestations et les affrontements qui se sont succédé durant plusieurs jours à Gaza, après la désignation de Moussa Arafat à la tête des services de sécurité palestiniens, n'ont trouvé un terme que lorsque Yasser Arafat a accepté de reculer et d'annuler la nomination de son neveu, contesté pour sa corruption et ses méthodes. De son côté, le Premier ministre Ahmed Qoreï a démissionné. La fin de la crise ouverte n'est donc que bien provisoire: de toute évidence, entre les différentes fractions palestiniennes, une lutte est en cours pour le pouvoir, ou plutôt pour la parcelle de pouvoir que voudra bien leur laisser Israël, dans l'éventualité d'un retrait de ses forces de la bande de Gaza.

Dans l'immédiat, loin d'évacuer Gaza, l'armée israélienne a renforcé son contrôle sur ce territoire palestinien qui abrite près d'un million d'habitants sur un espace exigu, pratiquement asphyxié économiquement par les forces d'occupation. À la haine envers l'occupant, au désespoir face à cette situation dramatique, s'ajoute le mécontentement vis-à-vis des pratiques de l'autorité palestinienne elle-même. Ne disposant en fait que d'une parcelle de pouvoir, bien des cadres palestiniens entourant Yasser Arafat n'ont pas pour autant attendu pour pratiquer la corruption et le népotisme. Ainsi, alors que la misère générale s'accroît, ils donnent le spectacle de leur enrichissement personnel, d'autant plus choquant que ces hommes proclament que leur seule priorité est la libération du peuple palestinien de l'occupation qu'il subit.

Quelle est l'ampleur du mécontentement, dans quelle mesure débouche-t-il sur une participation populaire réelle aux manifestations contre Arafat, il est difficile d'en juger. En revanche il est évident que différents groupes cherchent à s'appuyer sur ce mécontentement pour contester le chef de l'Autorité palestinienne. Entre autres, les "brigades des martyrs d'El-Aqsa", un mouvement issu du Fatah lui-même, le parti d'Arafat, lèvent le drapeau de la lutte contre la corruption.

Mais la presse évoque aussi largement les manoeuvres de l'ancien chef de la sécurité préventive palestinienne, Mohammed Dahlan, pour fédérer le mécontentement au sein du Fatah et apparaître comme une alternative. Dahlan, qui dénonce la corruption, n'a pas dédaigné d'alimenter ses propres caisses grâce au contrôle du monopole du ciment. Il dispose également de bonnes relations du côté des services britanniques et américains, mais aussi jordaniens et égyptiens: autant d'atouts qui pourraient en faire l'homme de la situation. En cas de retrait total ou partiel de Gaza, les dirigeants israéliens voudraient en effet y voir émerger une autorité prête à collaborer avec eux, au moins indirectement, avec l'aide des États-Unis et des régimes arabes qui leur sont liés.

On ne peut que comprendre la colère et l'exaspération de la population palestinienne vis-à-vis de l'occupant, mais aussi vis-à-vis de ses actuels dirigeants, dont la politique semble mener à l'impasse. Malheureusement, les groupes qui les contestent, qu'il s'agisse des intégristes islamistes du Hamas ou des hommes à la Dahlan, ne représentent que d'autres courants au service de la bourgeoisie palestinienne, aussi avides les uns que les autres d'exercer à tout prix une parcelle de pouvoir.

Pour le peuple palestinien, alors même qu'il est confronté aux problèmes difficiles de la lutte contre une occupation militaire disposant de puissants moyens, se pose donc aussi la question de trouver en son sein des hommes représentant une autre politique, capables de défendre jusqu'au bout ses intérêts, les intérêts des exploités et non ceux de petites coteries. Et cela, même si les premiers responsables de la situation dramatique du peuple palestinien restent évidemment les dirigeants israéliens et leur politique odieuse, appuyée par les États-Unis.

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