Crédit Lyonnais : L'hémorragie des emplois continue23/07/20042004Journal/medias/journalnumero/images/2004/07/une1877.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Crédit Lyonnais : L'hémorragie des emplois continue

La direction du Crédit Lyonnais (CL) vient d'annoncer que, d'ici 2007, 2400 emplois devraient disparaître, soit 10% de l'effectif actuel. Entre 1990 et 2000, environ 10000 emplois avaient déjà été supprimés.

En mai 2003, le Crédit Lyonnais a été acheté par le Crédit Agricole (CA). Aussitôt, les dirigeants des deux banques annonçaient 4 600 suppressions d'emplois dans le groupe, dont 2 800 en France qui vont s'étaler jusqu'à la fin 2005. La direction du groupe a promis qu'il n'y aurait pas de "départ contraint", mais a par contre très vite annoncé que le rapprochement de certains secteurs permettrait de réaliser des économies consistant, entre autres, en des réductions d'effectifs.

Le secteur le plus touché est celui qui traite les relations avec les grandes entreprises, les opérations sur les marchés boursiers, ainsi que le gros des activités liées à l'international. Le regroupement de ces activités dans une nouvelle filiale, Calyon, se traduirait par 1400 départs.

Plusieurs milliers de salariés, transférés à Calyon, et qui travaillent à Paris doivent déménager à Courbevoie ou à Saint-Quentin-en-Yvelines, en banlieue parisienne, ce qui entraîne une augmentation du temps de transport pour nombre d'entre eux. Mais beaucoup d'autres ne savent toujours pas où et à quel poste ils vont aller et même s'ils vont garder un poste. Certains ont déjà appris que leur poste était supprimé et qu'il leur fallait chercher autre chose.

Le "rapprochement" et la réduction d'effectifs, concernent aussi ce que la direction appelle "les fonctions centrales": la gestion du personnel, la comptabilité, les achats, etc.

La direction a mis en place un "espace mobilité" où il est le plus souvent conseillé d'envisager une "mobilité externe", c'est-à-dire soit de trouver un emploi ailleurs, soit de créer son entreprise. Car la "mobilité interne" dont parle la direction, c'est-à-dire un reclassement dans d'autres unités du groupe, c'est une hypocrisie puisque des postes sont supprimés partout.

Au Comité central d'entreprise, le 6 juillet, la direction du Crédit Lyonnais a annoncé un "projet d'entreprise" qui se résume à réduire l'effectif de 2400 salariés d'ici à fin 2007 sur les 26 500 employés actuels.

En agences, les effectifs ne devraient pas diminuer. On annonce même 150 nouvelles ouvertures. En réalité, toutes les agences récemment ouvertes sont entièrement automatisées avec deux personnes à l'effectif. Parfois il n'y a que des machines. Par contre, dans les agences existantes, la direction supprime peu à peu les guichets d'accueil.

Les personnels les plus menacés sont ceux des centres administratifs qui représentent 20% de l'effectif actuel et vont subir les deux tiers des suppressions d'emplois.

La direction annonce la fermeture du centre de Caen (une soixantaine de personnes), dont les activités seront regroupées sur Bayeux avec les problèmes d'éloignement que cela entraîne. Le centre de Valence est aussi sur la sellette.

La direction a insisté sur le fait qu'il n'y aura pas de licenciements, que les "départs naturels" suffiront. Mais les incitations à partir d'Ile-de-France vers les centres de province, ou au contraire à venir à Paris pour les provinciaux ne feront pas appel qu'aux volontaires.

Ces annonces ont suscité une vive émotion parmi le personnel.

Le Crédit Lyonnais fait des bénéfices et le groupe Crédit Agricole, qui croule sous les profits, est une banque très riche. Il y aurait évidemment les moyens de maintenir les emplois, mais pour le projet d'entreprise du Crédit Lyonnais, c'est l'entreprise qui compte, pas le personnel, qu'on peut jeter avec les vieux papiers.

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