Vallourec Laigneville (60) : Les travailleurs tiennent bon face à Bolloré et ses soutiens15/07/20042004Journal/medias/journalnumero/images/2004/07/une1876.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Vallourec Laigneville (60) : Les travailleurs tiennent bon face à Bolloré et ses soutiens

Depuis leur dernier rassemblement début juin, où notre camarade Arlette Laguiller était venue les soutenir, les 117 salariés de l'usine de Laigneville ont maintenu leur mobilisation et multiplié les manifestations. Leurs revendications sont restées les mêmes: aucun salarié à l'ANPE et une compensation de 65000 euros pour chacun d'entre eux.

Ils sont allés au siège social du groupe à Boulogne-Billancourt, où ils ont exigé la prise en charge par la direction du groupe de leurs revendications, jusque-là confinées au niveau de leur filiale. La direction du groupe a alors accepté le principe d'une négociation, mais le principe seulement. Du coup, en se déplaçant toujours à plus de cinquante, ils ont empêché la tenue des différentes réunions du Comité central d'entreprise liées à la procédure officielle.

En effet les travailleurs et la CGT de l'usine exigent la conclusion d'un accord garantissant leurs revendications, avant que se poursuive la procédure de licenciement.

Ils ont mis en cause Bolloré, le principal actionnaire, qui contrôle de fait le groupe. Le prix de l'action Vallourec a grimpé de 50% en un an. Les licenciements en cours et la fermeture de l'usine de Laigneville devraient encore le faire monter. En moins d'un an, le coût des licenciements serait amorti grâce à la fermeture. Alors les salariés de Vallourec n'entendent pas lâcher prise et gardent le moral, malgré le lâchage des instances départementales et régionales de la CGT qui, au lieu de soutenir leurs camarades en lutte, sont venus les mettre en garde, en leur conseillant la modération.

Cela n'a pas empêché les travailleurs de retourner à Reims et, malgré le déploiement policier, d'empêcher une nouvelle fois la réunion du Comité central d'entreprise, exigeant la conclusion de l'accord qu'ils revendiquent. Du coup, la direction générale a annoncé l'ouverture des négociations pour le 13 juillet. Mais parallèlement elle a tenté de poursuivre la procédure dans un hôtel chic à Paris, au faubourg Saint-Honoré.

La détermination des salariés de Laigneville a fait que la majorité des élus du CCE ont refusé de se rendre à ladite réunion. Et, malgré des dizaines de CRS qui gardaient l'hôtel, les travailleurs se sont mis devant et ont intercepté les élus CFDT et CGC qui comptaient, eux, s'y rendre. Ce sont les CRS qui ont organisé l'entrée de ces soi-disant représentants du personnel. Mais la direction, compte tenu du boycott des autres élus, a préféré suspendre la réunion.

Les salariés, pas intimidés par ce déploiement de CRS, se sont alors rendus au siège du groupe Bolloré, à Puteaux, où ils se sont installés sans crier gare. Devant le fait accompli, les représentants du groupe ont joué les étonnés, disant tout ignorer de ce qui se passait chez Vallourec, offrant boissons et gâteaux aux manifestants.

C'est le 13 juillet que doivent s'ouvrir les négociations avec la direction générale, dans les locaux de la direction départementale du Travail de l'Oise. À l'heure où nous écrivons, personne ne sait s'il s'agit d'un nouvel épisode sans suite, ou si la direction Vallourec a pris la juste mesure de la détermination des travailleurs de Laigneville de se faire respecter. Quoi qu'il en soit, les travailleurs ont montré que, même s'ils n'étaient pas très nombreux, en étant décidés à aller jusqu'au bout, ils pouvaient faire tanguer la coalition patronale, qui pourtant bénéficie du soutien de l'État et de sa police.

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