Le PDG d’Enron en prison15/07/20042004Journal/medias/journalnumero/images/2004/07/une1876.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Le PDG d’Enron en prison

Jeudi 8 juillet, Kenneth Lay, l'ancien PDG d'Enron, a comparu menotté devant la cour de justice d'Houston (Texas). La justice a pris plus de deux ans pour poursuivre le PDG de cette compagnie d'électricité, dont la faillite fut l'une des plus retentissantes de l'histoire américaine.

Les dirigeants d'Enron avaient dissimulé pendant des semaines la situation désastreuse d'une entreprise qui s'était enrichie d'abord en spéculant notamment sur le prix de l'électricité, puis s'était lancée dans des opérations boursières hasardeuses. Les dirigeants d'Enron avaient entraîné dans leur chute le cabinet Andersen, qui les avait aidés à dissimuler leurs comptes vis-à-vis des boursicoteurs. Mais les principales victimes, et de loin les plus nombreuses, avaient été les milliers d'employés de ce trust qui avaient perdu non seulement leur emploi mais également leur retraite, car les pensions étaient indexées sur la valeur de l'action Enron, qui s'était effondrée.

Celui qui en fut le PDG pendant quinze ans a donc été inculpé pour fraude, complicité d'escroquerie, faux témoignage, dissimulation et manipulation de comptes, délit d'initié, enrichissement personnel et mensonge caractérisé. Rien que ça!

C'était un proche de la famille Bush et il avait soutenu financièrement la campagne de l'actuel président. Il risquerait plusieurs dizaines d'années de prison.

Pour qu'il se retrouve dans le box des accusés, il a fallu que son directeur financier, longtemps désigné comme le principal responsable de cette faillite, se mette à table, pour obtenir que sa peine de prison soit réduite de moitié.

La justice a appris que Lay avait menti. Il envoyait des e-mails vantant la santé financière de son entreprise, au moment même où il se défaussait de ses propres actions Enron (entraînant ainsi la chute du cours pour les autres possesseurs d'actions). En septembre 2002, il continuait de dire que tout allait bien, alors qu'il savait déjà que les pertes de son entreprise s'élevaient à 7 milliards de dollars.

Mentir, dissimuler la situation réelle de l'entreprise, manipuler les comptes ne vaut aujourd'hui l'inculpation de ce PDG que parce qu'il a fait faillite. Et il reste encore à voir si la justice américaine n'aura pas quelque indulgence vis-à-vis de cet ami du président.

Mais mentir, cacher la vérité de la situation, bonne ou mauvaise, d'une entreprise, c'est l'abc du métier de PDG et ce n'est pas du ressort de la justice quand cela préserve les intérêts des actionnaires au détriment des salariés. Une des raisons pour que les travailleurs exigent le droit de contrôler les comptes des entreprises.

Partager