Le gouvernement renforce la chasse aux salariés malades15/07/20042004Journal/medias/journalnumero/images/2004/07/une1876.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Le gouvernement renforce la chasse aux salariés malades

Un des volets du projet de loi concerne la chasse aux fraudeurs.

Quels fraudeurs? Toutes ces entreprises qui font pression sur leurs salariés pour que les accidents du travail ne soient pas déclarés afin de bénéficier d'exonérations de charges sociales? Celles qui, profitant de la pression du chômage sur leurs employés en CDD, les font travailler alors qu'ils sont malades? Non. À cela, le gouvernement ne voit rien à redire.

Ceux qu'il veut contrôler, ce sont les salariés qui «abuseraient» des arrêts de travail et les médecins qui les leur délivreraient. Un des articles de loi votés le week-end dernier prévoit une procédure de récupération des prestations versées ainsi que des amendes pouvant être infligées à l'assuré et au médecin.

Le gouvernement affirme qu'il y a eu une hausse de 40% des arrêts de travail pour maladie en cinq ans et se justifie en affirmant: «le vieillissement de la population ou l'évolution de la conjoncture économique ne peuvent expliquer, à eux seuls, cette évolution». En effet, il y a quelque chose d'autre qui explique cette augmentation: c'est l'intensification considérable des rythmes de travail dans quasiment toutes les entreprises. Tous les salariés le savent car tous le vivent.

Il y a un mois, le journal Le Monde a interviewé le secrétaire général adjoint du syndicat national des médecins du travail, et voilà ce que celui-ci déclarait: «Depuis quelques années, nous enregistrons aussi un fort accroissement de pathologies moins visibles, liées au stress et à la souffrance au travail. Les salariés n'arrivent plus à suivre l'intensification des charges. Ils s'accrochent pour tenir, avant de présenter les signes d'un syndrome dépressif. (...) Nous constatons un «présentéisme» préjudiciable parmi les précaires, en CDD ou en intérim: de crainte de perdre leur emploi, ils cachent leur maladie. (...) Autrefois, les salariés terminaient leur carrière sur des postes légers, qui ont disparu. Aujourd'hui, les plus de 55ans sont logés à la même enseigne que tous les salariés. Les rendements sont calculés à partir de normes calquées sur les capacités de plus jeunes.» Voilà la réalité qui se cache vraiment derrière le chiffre des augmentations des arrêts de travail.

Derrière sa propagande sur la Sécu qui vise à culpabiliser les malades, le gouvernement mène une lutte implacable contre les salariés.

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