États-Unis : John Kerry promet de faire du Bush sans Bush15/07/20042004Journal/medias/journalnumero/images/2004/07/une1876.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

États-Unis : John Kerry promet de faire du Bush sans Bush

Dans de larges milieux de l'opinion américaine, le meilleur agent électoral de John Kerry, le rival démocrate de Bush, est sans contestation Bush lui-même, au point que toute une campagne est faite sur l'unique perspective du «n'importe qui sauf Bush». Une campagne qui a l'avantage de sembler reprendre un sentiment populaire largement partagé et bien compréhensible, tout en permettant à l'opposant Kerry de n'avoir pas à s'expliquer sur ce qui fonde son opposition. En particulier, en ce qui concerne la guerre en Irak. Or Kerry multiplie les assurances qu'il assumera la continuité de la politique de Bush et qu'il ira jusqu'au bout: «Nous devons réussir en Irak. Nous ne pouvons nous permettre de laisser ce pays s'effondrer [et devenir] un vaste camp d'entraînement pour les terroristes anti-américains.»

Et il ajoute: «Je n'accuse pas George Bush d'en faire trop dans la guerre contre le terrorisme, je pense au contraire qu'il n'en fait pas assez».

L'axe de la campagne de Kerry, c'est de faire de la surenchère sur le thème sécuritaire. Il n'est évidemment pas question pour lui de faire cesser la guerre et de rapatrier les soldats américains d'Irak, mais au contraire de continuer l'escalade. Il réclame plus de troupes et plus d'armement, avec la justification un peu grossière de mieux protéger les soldats. «Bien trop souvent, nos troupes vont au feu sans disposer des armes et du matériel qui leur permettraient de bien se protéger du danger», affirme-t-il. Il prétend que Bush «a affaibli» la plus puissante armée du monde et il réclame plus de moyens pour l'armée.

Et puis, loin de condamner la guerre en Irak, il reproche surtout à Bush de ne pas avoir pris la peine d'y entraîner les autres pays: «Cette obstination à se lancer seul dans la guerre fait que nos troupes subissent 90% du risque et des pertes». Mais si d'autres s'y faisaient tuer...

Argument suprême de Kerry, lorsque Bush lui conteste toute compétence en matière militaire: «J'ai combattu au Vietnam. J'y ai été blessé. Je suis fier d'avoir servi là-bas. Et je trouve profondément gênant d'être attaqué sur ce plan par des gens qui ont fait des choix différents».

Ainsi Kerry joue les va-t-en guerre, au moins aussi déterminé que Bush. Et s'il est élu, il ne cache pas ses intentions. Comme Bush: «En tant que président, je ne ferais passer la sécurité des États-Unis derrière celle d'aucune autre nation ou institution.» «Tout sera fait pour défendre la sécurité nationale et nous continuerons à disposer de l'armée la plus puissante du monde.»

C'est dire que la campagne de Kerry donne des gages aux milieux d'affaires, à l'état-major, à la haute administration et à tout ce que l'Amérique compte de réactionnaires en tout genre. Pour le reste, il compte sur la campagne «N'importe qui sauf Bush» pour lui apporter la majorité des suffrages.

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