Bosch-France : Le chantage à la délocalisation15/07/20042004Journal/medias/journalnumero/images/2004/07/une1876.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Bosch-France : Le chantage à la délocalisation

La direction de Bosch-France (filiale du groupe allemand Bosch) vient d'imposer d'importants reculs aux plus de 800 salariés de l'usine de Vénissieux, dans la banlieue lyonnaise, sous prétexte d'éviter une délocalisation en République tchèque et de «sauver» ainsi 190 emplois sur les 300 que le patron avait prévus de supprimer d'ici 2008, c'est-à-dire même pas la totalité des emplois. Les salariés de l'usine de Vénissieux se verront ainsi imposer six jours de travail en plus, soit l'équivalent d'une heure de travail supplémentaire chaque semaine, sans compensation de salaire, la suppression d'un pont et d'un jour férié, le blocage des salaires et de l'intéressement pendant trois ans, des horaires de nuit majorés de 20% au lieu de 25%. Le patron fera ainsi une économie de 12% sur les coûts salariaux, soit une économie de quatre millions d'euros par an selon la CGT.

La direction du groupe a commencé dès le début de l'année sa propagande qui consistait à marteler que l'usine ne pouvait continuer à fabriquer des composants de moteur diesel devenus obsolètes du fait des nouvelles normes environnementales, qu'il fallait donc réinvestir pour fabriquer du matériel aux nouvelles normes et diminuer les coûts salariaux, pour que ces investissements soient rentables. Elle n'a pas manqué de mettre en avant le fait que les coûts salariaux seraient inférieurs de 40% en République tchèque, et donc de menacer de délocaliser pour faire avaler la couleuvre. Elle a trouvé deux syndicats pour signer son accord, la CFDT et la CGC.

Chaque salarié a reçu un avenant à son contrat de travail qu'il devait signer avant le 13 juillet. Le changement ne devait être appliqué que s'il y avait au moins 90% de signatures (l'absence de réponse étant considérée comme un accord). Mais la direction avait bien précisé qu'une fois l'accord entériné, les salariés qui auraient répondu par la négative seraient licenciés. Bel exemple de démocratie et de dialogue, tels que les patrons le conçoivent.

Bosch est un très gros équipementier automobile qui détient 60% du marché du diesel en Europe et 50% de ce marché dans le monde. Le groupe dont Bosch-France est une filiale emploie près de 229500 personnes dans le monde et réalise un chiffre d'affaire annuel de 36,4 milliards d'euros. On ne peut pas dire qu'il soit en difficulté.

Rien ne prouve d'ailleurs que le groupe avait vraiment l'intention de délocaliser, qu'il ne s'agissait pas d'un simple coup de bluff pour baisser ses coûts de production en France. Mais, de toute façon, une entreprise comme Bosch a de quoi maintenir tous les emplois et des salaires corrects dans toutes ses usines où qu'elles soient situées, tout comme la plupart des grands groupes industriels et financiers. Car les richesses des actionnaires, ce sont les salariés qui les ont créées depuis plusieurs générations. On ne voit pas pourquoi, elles ne pourraient pas servir à garantir leurs emplois.

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