Sécurité sociale : L'intox sur la réforme continue30/06/20042004Journal/medias/journalnumero/images/2004/07/une1874.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Sécurité sociale : L'intox sur la réforme continue

Alors que les députés commencent à discuter des mesures Douste-Blazy contre l'assurance-maladie, les services de Sarkozy auraient jeté un petit pavé dans la mare du ministre de la Santé. Alors que ce dernier prétend que ses mesures ramèneront le budget de la Sécu à l'équilibre, un rapport prétendument secret, qui a malencontreusement ou opportunément été rendu public, du ministère des Finances prédit le maintien en 2007 d'un déficit qui serait de 7 milliards d'euros, voire de15 milliards d'euros.

Cette fausse polémique entre les deux compères du gouvernement n'est que le dernier avatar de la grande campagne d'intoxication dont on nous rebat les oreilles depuis des mois, avec au coeur de la campagne ce "trou de la Sécu" qui agit comme un épouvantail. On aura entendu à son propos tous les chiffres imaginables. Mais à force de marteler sur ce thème, ces messieurs vont peut-être finir par donner l'impression qu'ils disent vraiment n'importe quoi. Espérons-le!

La propagande gouvernementale et ses relais, journalistes, syndicalistes, sont prolixes sur l'ampleur du déficit à venir. En revanche, ils sont victimes de véritables trous, de mémoire cette fois, lorsqu'il s'agit de préciser l'impact de certains des coûts qui pèsent sur les comptes de l'assurance-maladie. Pourquoi ne nous précisent-ils pas le montant exact des exonérations patronales de cotisations, un des éléments qui creusent gravement le trou de la Sécurité sociale? Pourquoi n'informent-ils pas l'opinion sur l'ampleur des dépenses occasionnées à la Sécurité sociale par la construction des hôpitaux et la formation des médecins, que la Sécurité sociale finance et qui plombent ses comptes? Que ce soit Douste-Blazy ou Sarkozy qui, au ministère des Finances, est pourtant bien placé pour cela, personne ne parle des profits de l'industrie pharmaceutique dont une bonne partie provient de la Sécurité sociale. Et pourquoi donc ne polémiquent-ils pas également sur le manque à gagner au niveau des cotisations, créé par la stagnation des salaires et les millions de chômeurs qui réduisent considérablement les recettes de la Sécurité sociale?

Le gouvernement matraque sur le thème "se soigner revient trop cher", ou encore "pour se soigner il faudra payer davantage". Il prépare l'opinion à une nouvelle série de mesures, qui elles-mêmes prépareront la prochaine fournée, et ainsi de suite.

On voudrait nous faire croire que l'économie d'un pays comme la France ne pourrait pas assurer à tous une médecine qui mette à la portée de tous les soins les plus efficaces, bonifiée par les progrès de la science et des techniques médicales. Pour déceler les maladies, pour soigner, la situation n'est évidemment plus la même que celle d'il y a vingt ans ou trente ans, et c'est tant mieux. Mais si le coût des soins augmente, si la longévité augmente, la productivité du travail a augmenté bien plus vite, et les richesses du même coup. Sauf que cette richesse ne profite pas à l'ensemble de la population. Voilà le vrai problème. Vivre plus vieux et tomber malade ne devraient vraiment pas être des calamités pour les plus pauvres!

Le progrès ne doit pas se résumer au progrès des profits de quelques-uns, il doit se faire au bénéfice de tous. À quoi bon un progrès technique qui n'amène pas un progrès social?

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