Ile de la Réunion : Grève Chez Asia Food30/06/20042004Journal/medias/journalnumero/images/2004/07/une1874.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Ile de la Réunion : Grève Chez Asia Food

À la Réunion, les travailleurs d'Asia Food, entreprise alimentaire situées à Bra Panon et spécialisée dans la confection de nems, bouchons et autres samousas, viennent de remporter une nouvelle victoire sur leur patron. Cette grève fait suite à un premier conflit, engagé en février dernier contre des licenciements et qui s'était lui aussi terminé par un recul du patron.

Cette fois-ci encore, c'est la volonté du patron de licencier sept salariés (dont certains pour fautes graves), sur les 43 que compte l'usine, qui a été l'élément déclencheur. Depuis la dernière grève, des travailleurs ont eu à subir de nombreuses brimades. Un ouvrier s'est blessé en nettoyant une machine, poussé qu'il était à faire le nettoyage durant son temps de travail, puisque en dehors de ses heures normales les heures supplémentaires ne lui étaient pas payées. L'ouvrier laissait donc tourner sa machine pendant qu'il nettoyait, c'est ainsi que s'est produit l'accident.

Les ouvriers d'Asia Food ne veulent plus de ces conditions de travail. La grève a été le moyen de le dire. Mais les revendications ne s'arrêtèrent pas là... Ne percevant pour beaucoup que 859 euros par mois, ils ont exigé aussi une revalorisation de leurs salaires de 100 euros net.

Le jeudi 3 juin, les travailleurs se sont donc organisés pour une grève qui pouvait être longue et dure. La décision fut prise dès le deuxième soir de maintenir un piquet de grève 24 heures sur 24. Un grand feu de bois et de pneus a été entretenu durant tout ce temps devant le portail principal de l'usine. Les grévistes ont pu compter sur la présence active de plusieurs militants et adhérents de la CGTR. Même le maire UMP s'est senti obligé de venir discrètement "soutenir" les grévistes.

De son côté la direction, qui n'a jamais un sou pour les salaires, n'a pas hésité à faire appel à une société de gardiennage et à faire venir un huissier tous les jours pour faire constater l'éternelle "entrave à la liberté du travail".

Mardi 15 juin, la direction a invité tous les grévistes à une réunion. Il s'agissait en fait de permettre à l'huissier de remettre à chaque gréviste, par assignation, une convocation au tribunal de grande instance pour "entrave à la liberté du travail". Les grévistes ont quitté la réunion en invitant l'huissier à faire déposer les convocations chez eux.

Le moral des grévistes restant très bon, le patron accepta de reprendre les négociations le lendemain et fut même surpris de voir que les responsables CGTR et les grévistes étaient plutôt joyeux d'aller au tribunal pour pouvoir dire ce qu'ils avaient sur le coeur et demander un médiateur au juge.

Enfin, et peut-être de peur que ses faits et gestes soient rendus un peu plus publics, la direction a fini par accepter de signer un protocole stipulant que quatre licenciements économiques étaient annulés, deux licenciements pour fautes graves étaient requalifiés en licenciements économiques, ce qui permettait à ces travailleurs de bénéficier des mesures légales d'accompagnement. Enfin, un septième travailleur déjà licencié était réintégré. Quant aux salaires, les grévistes ont gagné 86 euros net d'augmentation et 6% d'augmentation pour les primes.

Il s'agit là d'un deuxième recul important que les travailleurs imposent à leur patron. Et si besoin est, ils se disent prêts à lui prouver qu' "il n'y a jamais deux grèves sans trois!"

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