"Cohésion sociale" ou pacte Raffarin-Seillière ?30/06/20042004Journal/medias/journalnumero/images/2004/07/une1874.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

"Cohésion sociale" ou pacte Raffarin-Seillière ?

Il n'y a guère de discours de Raffarin dans lequel ne se retrouvent des références à la "cohésion sociale" et au "pacte social". Et bien évidemment, cela n'a pas manqué lors de son interview sur Europe 1 avec Jean-Pierre Elkabach le mardi 29juin. Cette formule a sensiblement la même fonction que la "fracture sociale" le slogan de Chirac lors de la campagne présidentielle de 1995: laisser croire que le "social" serait au coeur des préoccupations de la droite. Il est vrai qu'à gauche on n'est pas non plus avare de paroles à ce propos.

Ce que recouvre la formule, raffarinesque, on a pu l'entrevoir lors de cette interview. À condition toutefois de bien décoder le message.

Ainsi donc, Raffarin et son équipe se battraient pour rétablir cette cohésion qui ferait défaut entre les "Français". Comment? En leur redonnant le goût de l'effort -vieille rengaine- car, souligne Raffarin, la réduction de la durée du travail signifie régression sociale, allusion aux 35 heures qui, selon ce gouvernement, mineraient l'économie, et à ces chômeurs qui s'installent dans l'assistanat. À entendre de telles fadaises, on se demande si le XIXe siècle n'aurait pas été le siècle d'or du "social" à la sauce Raffarin puisqu'on y faisait travailler les salariés jusqu'à 17 heures par jour et les enfants à partir de six ou sept ans.

Mais pour l'avenir immédiat, on comprend mieux ce qu'il entend par son appel à l'effort de tous les Français. Cela suppose préalablement, ajoute-t-il, de diminuer encore plus les charges sociales qui pèsent sur les employeurs. Ben voyons! L'effort demandé à tous sera au bénéfice d'une des parties: le patronat. Car, nous explique le bonimenteur qui tient lieu de Premier ministre, le patronat n'embaucherait pas, et même risque de délocaliser sa production, si "le travail coûte trop cher en France.". Les travailleurs devraient donc faire preuve d'un sens du sacrifice que les patrons, eux, n'ont pas. Car il n'est pas question qu'on leur demande de prendre leur part de sacrifices afin qu'ils participent "à la croissance de la France". Et puis, autre volet de cette démarche, moins de charges sociales patronales, cela signifie moins de rentrées pour la Sécurité sociale et autres budgets sociaux. C'est encore une autre façon de faire peser l'effort sur les salariés.

En fin de compte le "pacte social" dont se gargarise Raffarin est le pacte entre Raffarin et Seillière, entre le gouvernement et le Medef. Ce qu'on sait depuis longtemps sans même avoir besoin de décrypter son discours.

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