Peugeot-Citroën (PCA) Aulnay-sous-Bois (93) : La grève a payé pour les salariés de Trigo25/06/20042004Journal/medias/journalnumero/images/2004/06/une1873.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Peugeot-Citroën (PCA) Aulnay-sous-Bois (93) : La grève a payé pour les salariés de Trigo

Lundi 7 juin, 19 salariés, dont deux chefs d'équipe et quatre CDD, de la société Trigo travaillant dans l'usine Peugeot-Citroën d'Aulnay se mettaient en grève dès la prise de l'équipe, à 6 h 30, pour les salaires. Ils réclamaient les primes versées habituellement chez Peugeot.

Trigo fait partie de ces sociétés sous-traitantes montées de toutes pièces par PCA (Peugeot-Citroën Automobiles). Trigo a été créée, il y a sept ans, par un cadre de chez Peugeot pour faire le contrôle des pièces livrées par les fournisseurs, travail fait auparavant par des travailleurs de Peugeot. Mais pas avec la même paye! Dans l'usine, les travaux de contrôle qualité sont effectués en général par des salariés aux coefficients de 200 ou 215. Mais chez Trigo c'était au coefficient de 180, ce qui représente une différence de salaire importante, même pour le chef d'équipe qui était au coefficient de 190 (soit un salaire de 1040 euros) au lieu de 255. De plus quasiment aucune prime mensuelle ni de treizième mois n'étaient versés. La pingrerie allait jusqu'à ne pas payer le temps des déplacements internes dans l'usine, par exemple pour se rendre du service Trigo au poste de travail, souvent à l'autre bout de l'usine.

La semaine précédente, une grande partie des travailleurs de Trigo avaient pris la décision de se retrouver les trois équipes ensemble, ce lundi 7 juin, afin de voter une grève... pour ne plus être "sous-traités".

Après une première négociation bidon, le jour même, ils sont partis en manifestation dans l'atelier du Montage. Mais cette détermination n'a pas plu à la direction de Peugeot. Dès le lendemain, elle leur interdisait l'accès de l'usine. Qu'à cela ne tienne, ils se sont installés sur le parking, dans l'abri-bus, d'où ils pouvaient, à chaque changement d'équipe, distribuer des tracts et scander des slogans sur l'augmentation des salaires. Ce qui fut tout de suite bien vu par l'ensemble des travailleurs! Le mercredi, par un beau soleil, ils ont organisé un barbecue... que Peugeot a voulu interdire avec force huissiers, pompiers et cadres... mais en vain!

Ils se sont rendus devant une autre usine Peugeot, à Poissy, à l'autre bout de la région parisienne, pour faire connaître leur lutte.

À Aulnay, la grève a donné des idées à ceux de la Restauration, qui ont débrayé au moment du service de 11 heures pour réclamer 300 euros. Du coup, des centaines d'ouvriers de Peugeot ont pu manger gratuitement.

Au bout d'une semaine de ce régime, la direction de Trigo a dû se résoudre à discuter. Lundi 14, elle s'engageait à verser 72 euros de primes tous les mois, une prime annuelle de 150euros, à réévaluer tous les coefficients pour les aligner sur ceux de Peugeot, à mettre à leur disposition un véhicule de service pour les déplacements dans l'usine, à payer les déplacements dans celle-ci, sous forme de congé, à embaucher 12 CDD en CDI et à payer cinq jours de grève.

Ce succès a été bien accueilli dans l'usine, évidemment! D'autant plus que beaucoup avaient eu le plaisir d'avoir vu courir les cadres de Citroën dans tous les sens et en particulier des portes de l'usine aux portes des sous-traitants pour tenter d'empêcher les délégués de discuter.

Les grévistes avaient compris que leur meilleure arme était de propager leur lutte sur les salaires aux 6000 ouvriers du site... comme cela avait déjà réussi à d'autres travailleurs d'une autre entreprise sous-traitante (ENCI) qui, quinze jours avant, avaient gagné le treizième mois après une grève de quatre jours (quatre nuits exactement).

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