Les ventes d'armes ne connaissent pas la crise25/06/20042004Journal/medias/journalnumero/images/2004/06/une1873.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Les ventes d'armes ne connaissent pas la crise

Un institut suédois, l'Institut international pour la paix, le Sipri de Stockholm, vient de publier ses chiffres annuels sur les ventes d'armes. Ils montrent que le commerce de celles-ci est en expansion: + 11% en 2003. Il avait ralenti à partir de 1989, après la chute du mur de Berlin, mais il a repris de plus belle depuis 1998. Sur les deux dernières années écoulées, la progression approche les 20%.

Près de mille milliards de dollars sont ainsi consacrés à cette industrie de mort, soit plus que la dette des pays pauvres ou dix fois plus que les sommes consacrées à lutter contre le sous-développement. Une autre enquête lancée récemment par Amnesty International et une association caritative, Oxfam, indique qu'il y aurait actuellement 639 millions d'armes dans le monde, produites par un millier d'entreprises.

Les cinq États les plus dépensiers sont les États-Unis, le Japon, la Grande-Bretagne, la Chine et... la France. Hégémonie mondiale oblige, les États-Unis sont évidemment parmi les plus dépensiers. Depuis le 11 septembre, leurs dépenses militaires ont littéralement explosé, pour la plus grande satisfaction des marchands de canons américains, ce qu'on appelle parfois le "complexe militaro-industriel", et l'actuelle administration américaine voudrait encore engager des dépenses supplémentaires dans les cinq ans à venir. Mais d'ores et déjà, les États-Unis représentent à eux seuls 47% des dépenses militaires mondiales.

Côté marchands d'armes, il se trouve que les cinq principaux États exportateurs d'armes -États-Unis, Grande-Bretagne, France, Russie et Chine- sont également... les cinq pays membres du Conseil de sécurité de l'ONU. Autant dire que ces pays étant juges et parties en matière militaire, ce que le rapport suédois appelle "l'impuissance des pouvoirs en place à venir à bout de ces marchands de mort" n'a pas fini de durer.

Au total, les pays riches représentent 75% des dépenses militaires mondiales alors que leurs populations respectives ne représentent que 16% de la population mondiale. Rapportées au nombre d'habitants, ces dépenses représentent, à l'échelle mondiale, 152 dollars par habitant, c'est-à-dire à peu près de quoi financer six mois d'existence pour ceux qui font partie des 20% d'habitants les plus déshérités.

Un beau gâchis qui durera tant que les gouvernements resteront sous la coupe des financiers et des industriels, et en particulier ceux de la mort, ici les Lagardère, Dassault et consorts.

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