Encore de l'amiante dans les établissements scolaires25/06/20042004Journal/medias/journalnumero/images/2004/06/une1873.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Encore de l'amiante dans les établissements scolaires

La grève déclenchée par les enseignants d'une école primaire du 20e arrondissement de Paris vendredi 18 juin, suite à la découverte d'amiante dans les locaux, vient rappeler que de très nombreux établissements scolaires ont été construits en utilisant ce matériau, exposant élèves et personnels.

Dans cette école parisienne, il a fallu qu'une institutrice, retraitée, apprenne qu'elle était atteinte d'un cancer lié à l'amiante, un mésothéliome, pour que des contrôles soient faits et qu'on découvre de l'amiante dans les faux plafonds des toilettes et dans les dalles du sol de plusieurs salles de classe. Suite à ces découvertes, des travaux ont été commencés, mais pas terminés. Aussi la poussière d'amiante a-t-elle continué à tomber à même le sol durant plusieurs semaines au retour des vacances de Pâques, ce qui a mis en colère, à juste titre, instituteurs et parents.

Les risques liés à l'utilisation de l'amiante sont connus depuis le début du 20e siècle. Et depuis les années 1960, on sait que l'inhalation d'amiante entraîne à la longue des cancers comme les mésothéliomes, des tumeurs de bronches, ou encore une autre maladie des poumons, l'asbestose, qui aboutit à une insuffisance respiratoire grave et irréversible, doublée d'une insuffisance cardiaque, la maladie pouvant se déclarer des années après. Les patrons des entreprises qui produisaient ou utilisaient de l'amiante, comme Eternit, Saint-Gobain, les chantiers navals, Alstom ou la Sollac, ont fait pression pour que l'État ferme les yeux durant de longues années, durant lesquelles des milliers de salariés ont été exposés à ce risque.

Ce risque existe aussi dans les établissements scolaires. Le flocage est interdit dans les constructions neuves depuis 1978. Mais bien des établissements scolaires ont été construits avant cette date. Et ce n'est que depuis 1996 qu'un recensement de tous les bâtiments ouverts au public qui contiendraient un flocage ou un calorifugeage d'amiante est imposé, contrôle qui doit être suivi d'une surveillance régulière. Mais ce décret reste très insuffisant. Comme le montre le cas de cette école, encore faut-il que les travaux soient faits rapidement.

Pour tous les élèves et surtout pour tout le personnel exposés durant plusieurs années à l'amiante, le mal est fait. Des enseignants commencent ainsi à découvrir qu'ils sont atteints d'un cancer, une fois à la retraite, puisque la maladie ne se déclare que tardivement. L'institutrice contaminée dans cette école parisienne est décédée fin avril, sa maladie n'avait été reconnue comme maladie processionnelle que quelques jours auparavant.

Ce risque concerne des dizaines de milliers de salariés. D'après certaines études, il pourrait y avoir 100000 morts de l'amiante d'ici 2025, peut-être plus, car ces calculs reposent sur l'hypothèse que le risque d'exposition est désormais supprimé, ce qui, comme on peut le constater, est plus qu'incertain. La liste des victimes des capitalistes de l'amiante continue de s'allonger.

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