Contre la privatisation d'EDF-GDF25/06/20042004Journal/medias/journalnumero/images/2004/06/une1873.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Editorial

Contre la privatisation d'EDF-GDF

Malgré le mauvais jeu de mots de Sarkozy mettant en garde les travailleurs d'EDF de ne pas se "couper" de la population, les coupures de courant continuent. Et elles ne sont pas mal vues par la population ouvrière, surtout depuis qu'elles sont ciblées. Un jour, c'est une grande entreprise qui est privée d'électricité, un autre, c'est le compteur de Raffarin qui est démonté, sans parler des baisses de production, des occupations de postes de haute tension. Et comment ne pas être solidaire de ceux d'EDF lorsqu'ils remettent le courant à une famille démunie privée d'électricité?

Comme d'habitude, ministres, politiciens ou journalistes aux ordres s'en prennent à ceux qui "prennent les usagers en otages". Mais ce sont en réalité les travailleurs d'EDF et, bien plus généralement, les usagers qui sont pris en otages et contraints de supporter les conséquences de la loi sur le changement de statut d'EDF-GDF. Car, si l'ouverture d'EDF et de GDF aux capitaux privés est un cadeau pour les futurs actionnaires qui pourront faire main basse sur les bénéfices de ces entreprises, les conséquences en seront néfastes pour les travailleurs comme pour les usagers.

Les travailleurs d'EDF-GDF craignent à juste titre que le changement de statut se traduise par des déqualifications, des suppressions d'emplois, une aggravation de leur régime de retraite. Quant aux usagers, les défenseurs du projet eux-mêmes reconnaissent que la concurrence ne se traduira pas par une baisse, mais au contraire par une hausse des prix.

Malgré l'hostilité des travailleurs de l'entreprise et de l'écrasante majorité de la population, le gouvernement engage un processus qui est le premier pas de la privatisation d'un service public. Ce qui est toujours une atteinte aux intérêts des classes populaires

C'est la preuve que le gouvernement n'est pas là pour représenter les intérêts de la majorité de la population, mais uniquement ceux d'une poignée de groupes capitalistes qui convoitent les bénéfices d'EDF-GDF.

Les intérêts privés mettent de plus en plus la main, ouvertement ou de façon déguisée, sur les aspects ou les secteurs rentables des services publics, quitte à les démolir, de la SNCF aux hôpitaux en passant par La Poste, sans parler de la privatisation de la Snecma. Le maître d'oeuvre actuel de ces privatisations est le gouvernement Chirac-Raffarin. Mais comment ne pas se rappeler des privatisations du gouvernement Jospin? Comment ne pas se rappeler ces ministres de gauche expliquant hypocritement que l'ouverture du capital ne signifie pas privatisation? Les travailleurs de France Télécom savent aujourd'hui ce qu'il en est!

Alors, oui, les travailleurs d'EDF-GDF ont raison de ne pas se laisser faire et de montrer au moins qu'ils sont opposés au projet que le gouvernement est en train de faire voter par le Parlement.

Mais le changement de statut d'EDF-GDF s'intègre dans une politique bien plus générale, s'en prenant aux conditions d'existence des travailleurs pour faire des cadeaux au grand patronat et aux possédants. Aucune catégorie de travailleurs n'est à l'abri de l'offensive et aucun statut ne protège réellement les salariés.

Pour arrêter cette offensive, il faudra que les travailleurs s'engagent dans une lutte générale de toutes les catégories et se fixant pour objectif aussi bien l'interdiction des licenciements, le rattrapage du pouvoir d'achat, le refus des attaques contre l'assurance maladie que l'arrêt des privatisations et le rétablissement des services publics. Le rôle des grandes organisations syndicales devrait être de préparer cette perspective et de ne pas se contenter de réclamer des négociations qui, lorsqu'elles sont acceptées, ne servent en général qu'à faire cautionner par les directions syndicales les mauvais coups contre le monde du travail.

Ce que l'on peut souhaiter, c'est que la résistance de ceux d'EDF-GDF encourage tous les travailleurs de ce secteur et au-delà et redonne confiance et espoir à l'ensemble du monde du travail.

Arlette LAGUILLER

Éditorial des bulletins d'entreprise du 21 juin 2004

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