Assurance maladie : Une pub éhontée pour conditionner la population25/06/20042004Journal/medias/journalnumero/images/2004/06/une1873.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Assurance maladie : Une pub éhontée pour conditionner la population

Le gouvernement n'a pas l'intention de faire une trêve dans ses attaques contre les salariés. Son ministre de la Santé, Douste-Blazy, dit espérer que son projet de loi sur l'assurance maladie qui vient d'être adopté par le Conseil des ministres sera voté début août.

Xavier Bertrand, secrétaire d'État à l'Assurance maladie, a rappelé que "seize plans de redressement ont été mis en oeuvre depuis 1977, dix par la gauche et six par la droite". Mais ajoute-t-il, tout cela n'était rien à côté du plan que le gouvernement Raffarin nous concocte aujourd'hui.

Le ministre de la Santé propose qu'on passe systématiquement voir un généraliste avant d'aller chez un spécialiste, sous peine que les remboursements des consultations soient réduits. C'est tellement illogique qu'il a dû admettre des exceptions (pédiatres, ophtalmologistes, et les gynécologues ont aussi obtenu d'être consultés directement). Mais l'essentiel pour le gouvernement n'est-il pas de continuer sa campagne pour culpabiliser la population en l'accusant d'aller trop consulter son médecin, de consommer trop de médicaments, afin que tout le monde soit persuadé d'être personnellement responsable du prétendu "trou" de la Sécurité sociale. C'est ainsi qu'on a pu entendre un journaliste à la télévision affirmer, sans rire, que des gens consulteraient des médecins différents, jusqu'à quatre fois le même jour. Ce journaliste mérite, lui, une consultation gratuite, de toute urgence!

Pour en rajouter une dose, le gouvernement, si soucieux d'économies, s'offre une campagne de publicité dans la presse qui coûte 7 millions d'euros versés à Publicis Consultants: autrement dit l'équivalent de 7 millions de consultations taxées à 1 euro. Dans cette pub gouvernementale, il propose d'adopter de "nouveaux comportements". Il ne s'agit pas de changer le comportement du patronat en lui supprimant les exonérations de cotisations à l'assurance maladie dont il bénéficie actuellement. Il ne s'agit pas non plus d'exiger de lui qu'il embauche et qu'il augmente les salaires, ce qui comblerait le prétendu trou de la Sécu.

Non, pour ce gouvernement, les coupables, ce sont les malades qui ont le tort, non seulement de tomber malades, mais d'avoir la prétention de se soigner! Et dans cette page de pub, le gouvernement a acheté le droit de prendre des libertés avec la vérité. Il affirme en gros caractères que s'il prépare des mesures concernant la Sécu, ce serait "pour qu'il n'existe jamais une médecine à deux vitesses!" De qui se moque-t-il? L'augmentation du forfait hospitalier, l'euro pour chaque consultation, les nouveaux déremboursements des médicaments, et les nouvelles restrictions aux budgets des hôpitaux, ce serait pour maintenir l'équité de tous devant la maladie! En fait, ce n'est pas vers une médecine à deux vitesses que conduit la politique du gouvernement. Elle existe déjà. Ce qu'il concocte, c'est bien pire. Pour les travailleurs, il y aura d'un côté ceux qui pourront encore se soigner plus ou moins bien en y consacrant plus d'efforts financiers, et de l'autre ceux qui ne pourront pas accéder à la médecine car la santé sera devenue pour eux hors de prix.

Pourtant, la santé, ça n'a pas de prix, son accès devrait être gratuit avec un financement pris en charge par l'État, alors que le système de "Sécurité sociale" le fait reposer entièrement sur les salariés.

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