Le gouvernement vient de confirmer que le Smic horaire sera revalorisé au 1er juillet prochain, conformément à la loi Fillon de janvier 2003. La hausse est présentée, avec un certain aplomb, comme s'élevant à 5,8%, ce qui n'est déjà pas tout à fait vrai puisqu'elle inclut une compensation de l'inflation de 2,1%. Mais c'est même carrément faux puisqu'il s'agit là de la hausse maximale du Smic, très loin de concerner tous les smicards.

Il faut en effet rappeler qu'il existe des Smics différents selon la date de passage du salarié aux 35 heures hebdomadaires. Un peu moins d'un million de salariés travaillent 35 heures payées 35. Ce sont eux qui seront augmentés de 3,7% plus 2,1% d'inflation, soit 5,8%, portant leur salaire horaire brut de 7,19 à 7,61 euros. Pour tous les autres smicards, les augmentations seront dégressives en fonction de la date à laquelle l'entreprise est passée aux 35 heures. Pour ceux passés aux 35 heures après le 1er juillet 2002, l'augmentation sera nulle, seule l'inflation sera compensée. Pour les autres, les augmentations (en plus de l'inflation) s'échelonnent de 0,2%, 0,6%, 1,2% et 1,6% au grand maximum.

En fait, derrière l'annonce de cette augmentation du Smic, la réalité reste la stagnation et même la régression du pouvoir d'achat des salariés payés au Smic comme de l'ensemble des salariés. Selon l'Insee, sur un an, entre mai 2003 et mai 2004, l'inflation a été non pas de 2,1 mais de 2,6%. Et cela reste probablement très en dessous de la réalité quand on sait comment le calcul des indices est trafiqué pour minorer les hausses des prix. Celles des carburants (12,7% en un an), des fruits, légumes et autres produits frais suffiraient pour rendre toujours plus difficile le bouclage des budgets des familles populaires. Malgré le tapage du gouvernement sur les revalorisations misérables du Smic, tous les salariés ont besoin d'augmentations importantes afin de rattraper le retard accumulé et d'harmoniser les salaires par le haut.