Privatisations : De France Telecom à EDF-GDF, on nous ressort le même scénario18/06/20042004Journal/medias/journalnumero/images/2004/06/une1872.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Privatisations : De France Telecom à EDF-GDF, on nous ressort le même scénario

Sarkozy a laissé entendre aux syndicats d'EDF que finalement, il pourrait ne pas ouvrir tout de suite le capital de l'entreprise. En réalité, il ne s'agit pas d'un recul, mais d'une annonce de pure forme, car le texte du projet de loi n'a jamais dit le contraire. Ce qui est indiqué, c'est qu'EDF et GDF sont transformés en sociétés anonymes, dont l'État détient plus de 50% du capital, sans précision sur la date à laquelle le changement interviendra.

De même, quand Sarkozy accepte de voir inscrire dans la loi que l'État ne descendrait pas en dessous d'un seuil de 70% du capital, au lieu de 50% prévu initialement, ce n'est pas non plus un réel recul. Car il est vraisemblable que la privatisation ne se fera pas d'un seul coup: non pas par bonté d'âme vis-à vis des salariés et des usagers, mais tout simplement faute de capitalistes répondant à l'appel. Même si la vente de l'électricité et du gaz sont rentables (en utilisant le réseau déjà construit), il n'y aura pas forcément des dizaines de milliards de capitaux privés pour quitter d'autres placements, eux aussi très rémunérateurs, pour se placer d'un seul coup dans les nouvelles niches offertes à leurs propriétaires.

On a vu la façon dont la privatisation s'est faite à France Telecom. Au début, pour le gouvernement de gauche, le mot était tabou: il n'était question que de changer le statut de l'entreprise, qui avait déjà été séparée de La Poste par un précédent gouvernement de gauche pour constituer une administration distincte, avant d'être transformée en établissement public, puis en société anonyme. C'est la même transformation qui est prévue maintenant à EDF et GDF, qui doivent devenir deux sociétés anonymes différentes.

Pour France Telecom, la gauche plurielle parlait hypocritement d'"ouverture du capital". C'est par étapes successives que le capital privé s'y est introduit. Les premières ont été décidées par le gouvernement Jospin, qui jurait ses grands dieux que jamais la part de l'État ne descendrait en dessous de 50% garantis par la loi. Il ne restait ensuite au gouvernement Raffarin qu'à faire voter une nouvelle loi autorisant France Telecom à faire descendre la part de l'État en dessous de 50%, ce qui fut fait le 31 décembre dernier.

Il est prévu que cette mesure s'appliquera... au moment qui conviendra au gouvernement et à France Telecom, pour des raisons boursières notamment. Depuis le début de l'année, plusieurs fois le bruit a couru que cela allait se faire, mais pour le moment France Telecom n'a pas trouvé l'opportunité et la part de l'État, qui a diminué le 29 avril à l'occasion du rachat de Wanadoo par France Telecom, est encore de 53%. La privatisation n'en poursuit pas moins sa route, et on voit donc ce que valent les promesses d'un Sarkozy aujourd'hui concernant l'électricité et le gaz.

Quant aux garanties d'emplois, les salariés d'EDF-GDF ont toutes les raisons d'être mobilisés, quand on voit comment les travailleurs sont traités à France Telecom. La précarité se développe tandis que les salariés recrutés jusqu'en 1992 continuent, en tant que "fonctionnaires", de bénéficier d'une garantie de salaire, mais doivent accepter des mutations incessantes, avec à chaque fois une dégradation des conditions de travail due à la diminution globale des effectifs.

Enfin, en ce qui concerne l'ouverture à la concurrence, là aussi il y a le précédent du secteur des Telecoms, et la façon dont il a été ouvert au profit de Bouygues et de Vivendi. La différence est que, pour les Telecoms, la gauche avait mis en oeuvre en 1998 la politique prévue en 1996 par le gouvernement Juppé et son ministre Fillon, tandis qu'à EDF la droite prolonge les mesures décidées par le gouvernement Jospin.

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