Les attaques contre la Sécurité sociale : Des reculs inacceptables!18/06/20042004Journal/medias/journalnumero/images/2004/06/une1872.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Les attaques contre la Sécurité sociale : Des reculs inacceptables!

Douste-Blazy a présenté son plan de réforme de la Sécurité sociale au conseil des ministres mercredi 16 juin. Ce plan qui entérine des attaques contre les assurés sociaux, les retraités, les salariés, qui va encore plus limiter l'accès aux soins pour ceux qui ont des faibles ressources, a pu être présenté sans protestation bien véhémente de la part des grands leaders syndicaux, même de la part de ceux qui s'y déclaraient le plus opposés, comme la CGT et FO.

Pourtant mardi 15 juin, parallèlement à la journée de protestation des salariés d'EDF-GDF contre les dangers de privatisation, se déroulait une journée de protestation contre le projet gouvernemental sur l'assurance-maladie. Mais si à Paris par exemple, le nombre des manifestants sur la Sécurité sociale était inférieur à ceux de l'EDF-GDF, il ne faudrait pas en conclure que ce serait parce que les salariés comprennent et acceptent les sacrifices qui vont leur être demandés.

En réalité l'appel a été bien peu relayé par son propre initiateur, la CGT. Quelques fédérations, comme les PTT ou la Chimie, avaient lancé des appels à débrayer mais, même là, dans les faits, ces appels sont bien souvent restés de pure forme, sauf quand des militants à la base ont essayé de les relayer. Ailleurs, bien souvent il n'y a rien eu; dans bien des départements aucun appel n'a même été lancé, ne serait-ce qu'au niveau du communiqué, pour cette journée. Alors il serait trop facile de la part des dirigeants syndicaux de se dédouaner de leur attitude ambiguë, en se contentant de déclarer, comme souvent dans de telles circonstances, "on a fait ce qu'il fallait, ce sont les travailleurs qui n'ont pas suivi".

Car lorsque les salariés ressentent le peu d'empressement des dirigeants syndicaux face à ces attaques, cela ne peut que conforter un climat de fatalisme dans le monde du travail.

Après la manifestation du mardi 15 juin, Bernard Thibault, le dirigeant de la CGT, s'il s'est exprimé sur l'EDF, est d'ailleurs resté silencieux sur les suites à donner pour faire grandir l'opposition aux projets du gouvernement sur la Sécurité sociale.

Pourtant, les attaques du gouvernement mériteraient une riposte large. Les actifs vont voir leurs cotisations augmenter, les retraités aussi. Les remboursements vont être encore plus limités. En plus de l'euro à payer par consultation, le forfait hospitalier va être encore augmenté et l'accès aux soins des spécialistes sera encore plus coûteux. L'hôpital public, déjà soumis à des économies criminelles, sous-équipé en moyens et en personnel, verra ses budgets encore restreints. On va faire la chasse, non pas à ceux qui pillent les caisses de la Sécurité sociale comme les grands trusts de la pharmacie, ou à ceux qui payent toujours moins, comme les patrons, mais aux assurés sociaux qui sont malades et qui sont obligés d'avoir un arrêt de travail. Et le dispositif prévu par le gouvernement va, comme pour les retraites, institutionnaliser la remise sur le tapis, chaque année, si besoin, des restrictions sur la prise en charge des soins pour les assurés sociaux.

Et puis si, comme on vient de l'annoncer, c'est l'ensemble des caisses de la Sécurité sociale qui se trouvent aujourd'hui dans le rouge, cela est directement lié à l'aggravation du chômage, avec les licenciements en masse ordonnés par le patronat avec l'appui du gouvernement, qui font qu'il y a toujours moins de cotisations qui rentrent.

Malheureusement, l'attentisme des dirigeants syndicaux, leur faible riposte aux attaques gouvernementales ne sont pas nouveaux. Dans son hebdomadaire spécial intitulé "la Sécu c'est vital", la CGT ne présente pas un plan de lutte, loin de là. Le chapitre "La CGT propose" commence sur un style bien ambigu par: "La réforme que nous voulons", et se conclut ainsi: "La légitimité des organisations syndicales à gérer la Sécurité sociale implique qu'elles s'entendent sur une conception de la gestion". Et pour bien illustrer ce propos, on voit une grande photo où Thibault serre la main, en souriant, de Douste-Blazy, accompagnée d'un sous-titre précisant: "La CGT est prête à s'engager dans la gestion de la Sécurité sociale".

Les travailleurs ont intérêt à s'opposer de toutes leurs forces aux projets gouvernementaux. La première façon de rompre avec le jeu des dirigeants syndicaux serait de se saisir déjà des protestations qu'ils proposent et d'en faire, même contre leur volonté, des protestations puissantes. De toute façon les travailleurs ne peuvent se résigner à voir leurs protections sociales anihilées les unes après les autres.

Partager