Joëlle Aubron enfin libérée18/06/20042004Journal/medias/journalnumero/images/2004/06/une1872.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Joëlle Aubron enfin libérée

Atteinte d'une tumeur cancéreuse au cerveau, Joëlle Aubron, ancienne militante d'Action Directe, condamnée en 1987 à la prison à perpétuité pour l'assassinat du général René Audran et du PDG de Renault Georges Besse, sort enfin de prison au titre de la loi Kouchner, qui prévoit une suspension de peine pour tout détenu "atteint d'une pathologie engageant le pronostic vital" ou "si son état est durablement incompatible avec son maintien en détention".

Maurice Papon fut un des tout premiers à bénéficier de cette loi promulguée en mars 2002, au point qu'elle est aujourd'hui rebaptisée "loi Papon". En 1998, il avait été condamné à dix ans de prison pour "complicité" de crime contre l'Humanité pour avoir, pendant l'Occupation, alors qu'il était haut fonctionnaire de Vichy, envoyé 1690 Juifs bordelais à une mort certaine dans les camps d'extermination nazis. Entre-temps, pendant plus de cinquante ans, il avait coulé des jours tranquilles dans sa peau de "grand serviteur de l'État". Il avait aussi continué ses ignobles besognes. C'est lui qui, le 17 octobre 1961 alors qu'il était préfet de Paris, ordonna la répression de la manifestation des Algériens, qui fit des centaines de victimes, tabassées à mort dans les commissariats ou jetées dans la Seine.

En septembre 2002, six mois après le vote de la loi Kouchner, Papon était libéré au prétexte d'une maladie cardiaque qui le rendait, paraît-il, grabataire. Mais c'est bien droit et alerte qu'il regagna tranquillement ses pénates.

Joëlle Aubron, elle, a dû attendre encore trois mois après l'opération de sa tumeur en mars 2004, avant de bénéficier de sa remise de peine pour raison de santé. Trois autres anciens membres d'Action Directe attendent eux aussi, dans un état de santé déplorable, la simple application de la loi: Nathalie Ménigon est à demi paralysée à la suite d'accidents vasculaires cérébraux, Georges Cipriani souffre d'une grave maladie neurologique et Jean-Marc Rouillan est atteint d'un cancer du poumon.

Les méthodes de terrorisme individuel prônées par les militants d'Action Directe ne sont pas les nôtres, elles ne sont pas celles du mouvement ouvrier communiste. L'assassinat individuel d'un bourgeois ou d'un militaire ne peut être confondu avec le combat contre la bourgeoisie et son État. Mais ce n'est pas de cela qu'il s'agit. Les conditions inhumaines dans lesquelles les militants d'Action Directe croupissent en prison sont profondément révoltantes et l'absence de soins médicaux adaptés aux maladies dont ils souffrent, par simple vengeance de l'État, est indigne et inhumaine.

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