Électricite et gaz : Le Parti Socialiste a ouvert les vannes de la concurrence18/06/20042004Journal/medias/journalnumero/images/2004/06/une1872.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Électricite et gaz : Le Parti Socialiste a ouvert les vannes de la concurrence

Dans la discussion à la Chambre des députés commencée le 15 juin sur EDF-GDF, le Parti Socialiste se présente comme opposé au projet de loi. Mais à y regarder de plus près, s'il se prononce contre le changement de statut d'EDF et de GDF, il n'est pas opposé à l'ouverture à la concurrence du marché de l'électricité et du gaz. Or, ce sont les deux revers d'une même médaille pour attaquer les travailleurs et les usagers au profit des capitalistes privés.

Cette position alambiquée du PS n'est guère étonnante car le gouvernement Jospin avait ouvert les vannes à la privatisation du marché de l'énergie. D'ailleurs le même député socialiste, chargé aujourd'hui de dire tout le mal que le PS pense du projet de loi de Raffarin-Sarkozy, avait été, sous le gouvernement de la gauche plurielle, l'auteur d'une loi ouvrant le marché de l'électricité à l'appétit des capitalistes privés, en commençant par les entreprises grosses consommatrices d'énergie! Hypocrisie oblige, cette loi votée en février 2000 portait prétendument sur "la modernisation et le développement du service public de l'électricité". Christian Pierret, alors secrétaire d'État à l'Industrie, parlait d'"introduction maîtrisée de la concurrence". En fait, il était décidé d'ouvrir immédiatement 30% du marché de l'électricité à la concurrence, puis 34% en 2003.

Entre temps avait eu lieu le Conseil européen de Barcelone. Ce genre de réunion rassemble périodiquement les gouvernants des différents pays de l'Union. C'est eux qui décident des grandes orientations que la commission de Bruxelles est ensuite chargée de mettre en musique. Or, à Barcelone les 15 et 16 mars 2002, Chirac et Jospin, malgré la proximité d'échéances électorales, parlèrent d'une seule voix... pour y approuver la libéralisation du gaz, de l'électricité, de la poste, des chemins de fer, des services postaux.

La presse fit alors état d'un "compromis" établi après discussion sur le texte proposé initialement par Aznar, le chef du gouvernement de droite espagnol qui présidait la conférence. Mais en réalité, les divergences avaient porté uniquement sur les délais, l'objectif étant de toute façon d'ouvrir de nouvelles sources de bénéfices aux trusts. La conférence de Barcelone aboutit donc à un accord, signé par Jospin comme par Chirac, sur l'ouverture complète du marché du gaz et de l'électricité pour les entreprises en 2004; de nouvelles réunions étaient fixées pour prévoir un calendrier étendant la libéralisation de l'énergie aux particuliers.

Le projet de loi contre les salariés d'EDF-GDF et contre les consommateurs, que le Parlement français est en train de discuter, est donc la suite d'une décision prise en commun il y a tout juste un peu plus de deux ans par Chirac et le Premier ministre de l'époque, Jospin, avec Berlusconi, Blair et compagnie.

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