Belgique : Progression de l'extrême droite18/06/20042004Journal/medias/journalnumero/images/2004/06/une1872.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Belgique : Progression de l'extrême droite

En Belgique, les élections européennes se sont déroulées en même temps que celles des Parlements flamand, wallon et bruxellois.

C'est une coalition des libéraux et des socialistes qui gouverne, tant au niveau fédéral qu'au niveau des régions flamande, wallonne et bruxelloise. En Wallonie et à Bruxelles, le Parti Socialiste s'est renforcé, récupérant des voix des Verts. Mais ce qui marque, c'est la forte progression de l'extrême droite. Le Vlaams Blok, xénophobe et séparatiste, passe en Flandre de 622000 à 940000 voix (24% des suffrages). Le Front National passe de 75000 à 160000 voix en Wallonie (8% des suffrages); les autres formations régionalistes francophones, FNB, RWF, FRANCE et WALLON, y totalisent 39000 voix.

Lors des législatives de mai 2003, les libéraux flamands (VLD) avaient promis la création de 200000 emplois en quatre ans. Depuis, le gouvernement fédéral a continué sa politique de cadeaux aux entreprises, de baisse des impôts sur les bénéfices et les cotisations patronales, et de licenciements dans les entreprises publiques en voie de privatisation. Pour les travailleurs, le chômage a encore augmenté de 5% et le ministre "socialiste" (SP.a) des Affaires sociales a lancé une véritable chasse aux chômeurs qui, selon lui, ne chercheraient pas assez activement d'emploi.

Afin de tenter de récupérer les voix de l'extrême droite, en augmentation depuis 1991, tous les partis gouvernementaux flamands ont fait de la surenchère pour exiger du pouvoir fédéral la scission entre les différentes communautés linguistiques d'une grande partie de ce qui reste encore de commun à tout le pays: la Sécurité sociale, la SNCB, les soins de santé. Ils reprennent ainsi à leur compte un des principaux points du programme du Vlaams Blok. Cette scission ne peut cependant s'opérer sans une majorité des deux tiers, impossible sans une partie des votes francophones.

Le VLD et le CD&V, -les libéraux, et les sociaux-chrétiens flamands- ont en outre fait une large campagne contre l'octroi du droit de vote aux étrangers non européens aux élections communales. Cette proposition de loi émanait des partis francophones et des socialistes flamands et n'a été votée que de justesse. Malgré ses menaces et ses gesticulations, le VLD, principal parti du gouvernement, n'en est pas pour autant sorti et a été accusé de s'aplatir devant les "diktats francophones" par l'opposition Vlaams Blok et démocrate-chrétienne (CD&V).

À force de reprendre à leur compte la démagogie du Vlaams Blok, les partis gouvernementaux l'ont renforcé et le parti atteint aujourd'hui 24% des voix en Flandre. Côté francophone, la désorganisation de l'extrême droite limite sans doute sa progression, mais ses scores ont plus que doublé et elle atteint 16% à Charleroi, dans l'ancien bassin minier et sidérurgique. Là aussi, dénoncer les plus faibles -les chômeurs et les immigrés- ou bien les travailleurs flamands comme responsables du chômage francophone a fait mouche.

Avec 37% en Wallonie et 34% à Bruxelles, le Parti Socialiste sort premier des élections. Il peut choisir entre les libéraux (24 et 32%) et les démocrates-chrétiens (17 et 14%) comme partenaires des prochaines coalitions gouvernementales, mais son président, Elio Di Rupo, a immédiatement fait savoir qu'il consulterait le patronat et les syndicats -dans cet ordre- avant de rédiger le programme gouvernemental!

Les partis gouvernementaux vont donc continuer la politique de "baisse des coûts du travail" au profit du patronat, une politique qui se solde par la montée du chômage et de la misère, et fait le lit de l'extrême droite.

Partager