6 juin 1944 : "On croit mourir pour la patrie..."03/06/20042004Journal/medias/journalnumero/images/2004/06/une-1870.gif.445x577_q85_box-0%2C16%2C161%2C224_crop_detail.png

Leur société

6 juin 1944 : "On croit mourir pour la patrie..."

L'actualité va être marquée pendant plusieurs jours par le soixantième anniversaire du débarquement américain survenu en France le 6 juin 1944. Un certain nombre de cérémonies sont prévues à cette occasion, qui regrouperont têtes couronnées et présidents, dont Bush, qui devrait venir pour cela en France le 5 juin.

Gouvernement, hommes politiques et une grande partie de la presse parlent du 6 juin 1944 comme d'une date majeure pour la "libération" de la France de la barbarie nazie, grâce à la puissante Amérique, et font de ce jour une victoire du "monde libre". Dans les faits, le 6 juin 1944 fut d'abord une véritable boucherie pour des milliers de GI's débarqués sur les plages de Normandie. L'état-major anglo-américain avait calculé d'envoyer sur les côtes normandes plus de soldats à l'heure que ce que les canons et mitrailleuses allemandes étaient capables d'en tuer et des milliers de soldats américains y laissèrent la vie.

La plupart de ceux-ci étaient sans doute en effet convaincus de mourir pour la liberté et la démocratie et, aux États-Unis comme en France, c'est traditionnellement ainsi que leur sacrifice est commémoré. Mais la défense des valeurs de démocratie et de liberté avait en réalité peu à voir avec les objectifs réels des dirigeants alliés dans cette guerre. L'idée qu'il s'agissait d'une bataille de la liberté contre le nazisme fut notamment inventée par les États-Unis, qui menaient la guerre contre l'Allemagne et le Japon. Les dirigeants du monde capitaliste continuent de s'appuyer sur ce mythe à chaque fois qu'ils veulent justifier leurs exactions et leur existence et mener leurs sales guerres. Mais s'ils faisaient la guerre, en 1944 comme aujourd'hui, c'était d'abord et avant tout une guerre pour la suprématie de leurs trusts capitalistes par rapport à ceux de leurs concurrents.

La France, la Grande-Bretagne et les États-Unis, ces pays du monde dit "libre", portaient d'ailleurs eux aussi une part de responsabilité dans la catastrophe en imposant au capitalisme allemand, au lendemain de la Première Guerre mondiale, des conditions telles qu'elles allaient conduire au nazisme et qu'une Seconde Guerre mondiale allait être inévitable.

Pour les États-Unis, la Seconde Guerre mondiale devait être l'occasion de mettre à la raison une fois pour toutes les impérialismes concurrents et d'imposer leur hégémonie sur la planète. Non seulement l'Allemagne et le Japon furent brisés par la puissance américaine, mais la France et l'Angleterre, alliées de l'Amérique, durent aussi, dans les dix ou quinze ans qui suivirent, abandonner des empires coloniaux qui n'étaient plus que des restes de leur suprématie passée.

Il y a beaucoup à dire sur la "démocratie" et la "liberté" apportées au monde par la victoire américaine de la Seconde Guerre mondiale. Dans un monde où leur position dominante n'était désormais plus contestée, les États-Unis ont pu mener leur sale guerre au Vietnam et accomplir une multitude d'interventions contre les peuples. Récemment, ils ont pu mener de nouveau une sale guerre en Afghanistan, où les troupes américaines et françaises se sont d'ailleurs trouvées côte à côte, et ils continuent aujourd'hui à faire la guerre en Irak. L'impérialisme américain a imposé son ordre social partout dans le monde, un ordre qui n'est ni libre, ni démocratique, et qui sème les divisions entre les peuples comme au Proche-Orient.

Les soldats américains morts il y a soixante ans sur les plages de Normandie croyaient donner leur vie pour la liberté. Ils sont morts, comme bien d'autres, pour assurer les profits des grands trusts américains.

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