Saint-Denis : Les pollueurs pour une fois les payeurs26/05/20042004Journal/medias/journalnumero/images/2004/05/une1869.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Saint-Denis : Les pollueurs pour une fois les payeurs

Mercredi 5 mai le tribunal a condamné la Saria, entreprise de retraitement des déchets animaux, qui polluait Saint-Denis depuis plus de trente ans.

Cette entreprise avait refusé à plusieurs reprises, malgré des arrêtés préfectoraux, de mettre son usine aux normes et d'installer des filtres contre les nuisances olfactives. Elle allait même jusqu'à déverser des déchets dans la Seine. Ces dernières années, la situation s'était considérablement aggravée, au point qu'au printemps ou en été, les écoles riveraines étaient contraintes de faire classe fenêtres fermées, parce que l'odeur rendait tout le monde malade.

La mobilisation d'une fraction de la population, fortement motivée, a obligé l'usine de retraitement à cesser cette activité, en 2002. L'entreprise, qui appartient à un groupe important possédant plusieurs usines dans le pays et à l'étranger, s'en tirait malgré tout à bon compte, puisqu'elle s'était contentée alors de déplacer son activité. Pendant toute cette mobilisation, 193 habitants organisés derrière l'association Saint-Denis Environnement avaient intenté un procès contre la Saria et demandé des dommages et intérêts. Ils pensaient à l'époque qu'une action juridique pourrait obliger l'entreprise à se mettre aux normes. La ville de Saint-Denis s'était jointe à cette plainte. Les procédures judiciaires étant particulièrement longues, le procès n'a eu lieu que deux ans après la cessation de l'activité et la fin des nuisances.

L'avocat de la Saria s'est indigné de voir autant de plaintes contre son client, prétendant que c'était politique et que les plaignants avaient comme seul objectif de gagner de l'argent sur le dos de la Saria. Il omettait le fait que la Saria avait refusé d'investir pendant des années, polluant des milliers de personnes pour ne pas rogner sur ses profits. Son argumentation n'a pas convaincu les juges qui ont condamné la Saria à payer 200 euros par plaignant, 10000 euros à l'association et un euro symbolique à la mairie de Saint-Denis.

Mais ce qui a surtout fait plaisir aux riverains plaignants est que la Saria ait été condamnée à 100000 euros avec sursis. Ainsi, si elle refuse d'installer des filtres dans ses sites actuels, elle peut être condamnée à payer cette somme.

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