Pour une Europe libérée de la dictature des financiers26/05/20042004Journal/medias/journalnumero/images/2004/05/une1869.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Editorial

Pour une Europe libérée de la dictature des financiers

Le 13 juin, les électeurs de 25 pays seront appelés à élire le Parlement européen. Mais que les votes envoient au Parlement un peu plus de députés de droite ou, au contraire, de gauche ne pourra ni faire ni défaire les gouvernements. De toute façon, les choses décisives ne se déterminent pas dans les parlements, ni nationaux ni européen.

La droite française cherchera, dans ces élections, à faire oublier le désaveu qu'elle a reçu aux élections régionales. Le Parti Socialiste voudra à nouveau récupérer à son profit le mécontentement provoqué par la politique gouvernementale.

C'est pourquoi Lutte Ouvrière et la Ligue Communiste Révolutionnaire présenteront des listes communes dans ces élections. Aux élections précédentes en 1999, ces listes avaient permis l'élection de cinq députés LO-LCR au Parlement européen. Une loi antidémocratique a modifié le mode de scrutin. Ce qui a pour conséquence qu'avec plus de voix qu'en 1999, au lieu de cinq députés, nous risquons de n'en avoir aucun. Par ce trucage, le gouvernement veut empêcher que le courant politique qui s'est manifesté en faveur d'Arlette Laguiller ou d'Olivier Besancenot puisse avoir des porte-parole au Parlement européen. Cela ne nous empêchera cependant pas de défendre, dans ces élections européennes, la politique que nous défendons dans chaque élection comme hors élections.

Voter pour les listes LO-LCR, c'est exprimer une opposition radicale au gouvernement Chirac-Raffarin-Sarkozy, un des plus réactionnaires que le pays ait connus. Depuis deux ans qu'ils sont au pouvoir, toutes leurs mesures constituent autant d'agressions contre les conditions d'existence des travailleurs. Alors que le chômage augmente, ils s'en sont pris aux chômeurs. Ils se sont attaqués aux retraités d'aujourd'hui et de demain. Les salaires sont bloqués. Au lieu de s'opposer aux licenciements collectifs destinés par un patronat avide à faire produire toujours plus avec moins de travailleurs, l'État-patron, de son côté, supprime des emplois indispensables dans les services publics, des hôpitaux à l'Éducation nationale, en passant par les transports publics.

C'est un gouvernement qui obéit au doigt et à l'oeil au grand patronat. Même s'il fait mine de tenir compte du désaveu des régionales, une fois les élections passées, il reprendra ses coups contre les travailleurs. La proximité d'échéances électorales ne l'empêche d'ailleurs pas de faire payer aux assurés le déficit de l'assurance-maladie, alors que ce déficit n'existerait pas si le grand patronat payait ce qu'il doit.

Si les votes en faveur des listes LO-LCR sont encore plus importants qu'aux élections régionales, ce sera une gifle pour ce gouvernement réactionnaire. Mais cela montrera aussi que tous ceux qui, dans l'électorat populaire, ont envie de désavouer la droite n'oublient pas pour autant les trahisons et les mesures antiouvrières des cinq ans du gouvernement Jospin.

Voter pour les listes LO-LCR, c'est aussi affirmer qu'il faut réduire le pouvoir incontrôlé que les grands groupes capitalistes exercent sur la vie publique, aussi bien par les pressions financières que par leur influence sur les gouvernements. Il faut imposer le contrôle de la population sur leurs choix économiques comme sur leurs projets à venir. Ces sociétés n'agissent qu'en fonction des intérêts égoïstes de leurs actionnaires, même si cela doit nuire à toute la société. Leur imposer un contrôle sur leurs finances, c'est aussi empêcher les licenciements collectifs qui ne sont jamais une nécessité mais toujours un choix pour plus de profit.

Enfin, en votant pour les listes LO-LCR, les électeurs se prononceront sans réserve pour l'unification totale de l'Europe d'un bout à l'autre du continent, sans frontières entre les peuples au nom desquelles, dans le passé, on les a si souvent dressés les uns contre les autres. Ils exigeront que la véritable unification de l'Europe dans l'intérêt de tous commence par mettre fin à la dictature des grands groupes industriels et financiers sur le continent.

Arlette LAGUILLER

Éditorial des bulletins d'entreprise du 24 mai 2004

Partager