Hausse des résultats des entreprises : Les travailleurs trinquent, les patrons encaissent26/05/20042004Journal/medias/journalnumero/images/2004/05/une1869.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Hausse des résultats des entreprises : Les travailleurs trinquent, les patrons encaissent

Les bénéfices d'exploitation des entreprises européennes au premier trimestre 2004 viennent d'être publiés par la banque JP. Morgan, qui constate une hausse moyenne de 17%. "Après une période noire, disent les experts de la banque, les chiffres d'affaires se stabilisent, l'activité redémarrant légèrement".

Mais si la simple stabilisation du chiffre d'affaires des entreprises européennes a pour résultat une hausse des bénéfices à plus 17% en un trimestre, c'est que la source de ces profits est à rechercher ailleurs que dans le maintien du chiffre d'affaires, qui en toute logique ne devrait entraîner que le seul maintien des bénéfices. En réalité, ce sont les sacrifices imposés aux travailleurs, avec des licenciements en masse et une exploitation accrue pour ceux qui restent au travail, qui expliquent le maintien et l'explosion du profit dans bien des entreprises.

Pendant la dernière période, pour maintenir voire augmenter leurs profits, bon nombre d'entreprises se sont surtout servies de ce qu'elles appellent "la réduction des coûts", c'est-à-dire la baisse de la masse salariale, soit en supprimant des emplois, soit par l'intensification des rythmes de travail, ce qui fait que pour un même salaire un ouvrier produit plus qu'auparavant.

Si les chiffres publiés peuvent recouvrir des aspects bien divers, il n'en reste pas moins qu'ils expriment une tendance montrant l'accroissement de l'exploitation des travailleurs par les capitalistes.

En 2003, l'entreprise la plus riche du pays, Total, a vu son chiffre d'affaires augmenter de 2,1% alors que ses bénéfices grimpaient à plus 18,20%. La deuxième entreprise la plus riche du pays, Carrefour, a eu un chiffre d'affaires en hausse de 2,6% et plus 18,6% pour les bénéfices. Renault, s'il voyait son chiffre d'affaires progresser de 3,8%, voyait dans le même temps son bénéfice augmenter de 26,8%. L'Oréal voyait, elle, son chiffre d'affaires baisser de 1,8%, pendant que les bénéfices grimpaient à plus 13,5%. De même les ciments Lafarge voyaient leur chiffre d'affaires s'écrouler de moins 6,5%, mais les bénéfices explosaient à plus de 59,6%.

Il est bien difficile, étant donné le secret qui masque les comptes des sociétés et qui camoufle toutes les opérations qui régissent les échanges dans le monde des affaires, de savoir ce qui se cache derrière l'annonce officielle des bénéfices ou des pertes. Mais il n'empêche que le résultat global concernant les principales entreprises européennes est révélateur.

Cette course à la rentabilité sur le dos des salariés a un autre avantage pour les gros actionnaires. Quand promesse de profits supplémentaires il y a, elle attire les acheteurs d'actions et provoque leur hausse. Une des plus grandes fortunes de France, Bolloré, par ailleurs principal actionnaire du groupe métallurgique Vallourec, a vu le prix des actions monter de 50% en une seule année, justement grâce à cette course permanente à la "réduction des coûts".

Voilà une des conséquences de la dictature économique des grands groupes industriels et financiers, et une preuve que les travailleurs n'ont aucune raison de se laisser duper par les arguments invoquant les "impératifs économiques" pour justifier le refus d'augmentation de leurs salaires ou, pire, les licenciements.

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