Éducation : Pour Fillon, ça coûte trop cher26/05/20042004Journal/medias/journalnumero/images/2004/05/une1869.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Éducation : Pour Fillon, ça coûte trop cher

Mardi 25 mai, les syndicats enseignants du premier et du second degré, la FSU, l'UNSA Éducation, le SGEN-CFDT et la FERC-CGT, soutenus par les parents d'élèves à l'appel de la FCPE, ont appelé à une journée de grève et de manifestation contre les coupes claires faites dans l'Éducation nationale et contre la décentralisation des 95000 techniciens et ouvriers de service, les TOS.

Enseignants et parents ont toutes les raisons d'être inquiets et mécontents. En effet, pour la rentrée 2004, le gouvernement envisage de supprimer 4500 postes dans le second degré, ce à quoi s'ajoute la suppression de 5500 places au concours pour le recrutement d'enseignants. En ce qui concerne le premier degré, les 1450 postes créés (en prenant sur le budget des collèges et lycées) ne permettront pas de faire face à l'arrivée de 54000 élèves supplémentaires des écoles maternelles et primaires. Cela signifie en effet qu'un poste d'instituteur est créé pour 37 à 38 élèves nouveaux! 15000 à 16000 enseignants par an partent à la retraite et ne seront pas remplacés. Pour "colmater les brèches", chaque académie fait appel dans l'urgence à des contractuels, dont elle peut se débarrasser comme bon lui semble. Dans le domaine de l'encadrement des élèves, au moins 30000 emplois disparaissent avec la fin des contrats d'emplois-jeunes et celle, progressive, des surveillants MI-SE (maîtres d'internat et surveillants d'externat). Les services administratifs sont également touchés avec la suppression de plus de 1000 postes. Enfin le transfert aux collectivités locales du personnel de service risque d'entraîner la disparition de certains postes. Or les TOS sont indispensables au fonctionnement des établissements scolaires. Sans eux, pas d'entretien, pas de nettoyage des locaux, ou pas de cantine. D'ores et déjà, dans l'académie de Créteil, dans la région parisienne, par exemple, il manque 121 emplois de TOS et il a déjà été annoncé qu'il n'y aura aucun moyen supplémentaire pour en recruter. Dans l'académie de Versailles, le déficit est de 1040 et elle ne bénéficiera que de 50 emplois créés en septembre prochain.

Le gouvernement cherche à faire des économies par tous les bouts sur le budget de l'Éducation nationale. Il a d'ailleurs décidé de geler 200 millions d'euros de crédits pour l'Éducation, l'équivalent du salaire annuel de 6500 enseignants, d'après la CGT Éducation.

Ces économies auront de graves conséquences pour l'éducation des jeunes, d'autant plus graves que les moyens étaient déjà insuffisants. Les classes risquent d'être encore plus surchargées qu'elles ne l'étaient. Les enseignants en arrêt-maladie seront moins remplacés qu'actuellement où, pour ce qu'on appelle les "petites" absences, mais qui peuvent aller jusqu'à trois semaines, les chefs d'établissement ne disposent d'aucun remplaçant. L'accueil des enfants de 2ans est en passe d'être supprimé partout. L'accueil des enfants handicapés est menacé également par manque d'assistants dans les classes. Dans les lycées, la consigne a été donnée aux recteurs de faire la chasse aux enseignements qui sont des options jugées "inutiles" de telle sorte que désormais de moins en moins de lycées offriront aux élèves la possibilité d'apprendre le latin, le grec, l'italien ou l'allemand.

Le prétexte couramment invoqué par les différents ministres pour justifier les suppressions de postes d'enseignants, à savoir la baisse du nombre d'élèves, n'a pas convaincu les parents d'élèves, qui se mobilisent dans bien des écoles ou collèges. Et pour cause, pour ne citer que deux exemples, dans l'académie de Versailles 300 emplois disparaissent alors que les baisses d'effectifs annoncées dans trois départements de cette académie ne devraient entraîner "que" la suppression de 198 emplois, si l'on se fonde sur les critères du ministère. Dans les lycées de l'académie de Créteil, malgré l'augmentation de 1300 élèves, la dotation horaire globale, c'est-à-dire le nombre d'heures d'enseignement données à chaque lycée, est en baisse de 3000 heures.

Les jeunes, et en particulier les jeunes des classes populaires, auront encore plus de difficultés pour trouver une filière de leur choix. Ils auront encore moins accès à la culture générale qui leur permettrait de changer de métier plus tard, et d'avoir tout simplement cette ouverture sur le monde indispensable à leur formation. Pour Fillon, tout comme pour ses prédécesseurs, la culture pour les pauvres, tout comme la santé, est considérée comme du gaspillage. Par contre, pour ces gens-là, distribuer à fonds perdus l'argent aux patrons, ce n'en serait pas. Drôle de façon de compter!

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